Edito

septembre 2005

Words, words, words. « Des mots, des mots, des mots ! » C’est le cri que risque de pousser le militant de base (il en reste ?) du Parti socialiste en découvrant la somme des textes rédigés pour la préparation du congrès qui aura lieu au Mans en novembre : 18 contributions dites « générales » et 293 nommées « thématiques ». Littéralement, des dizaines de milliers de mots ! Résumons les enjeux : alors que la côte de popularité de Jacques Chirac culmine prudemment au ras des pâquerettes, alors que l’UMP, parti gouvernemental, a systématiquement été désavoué lors des derniers scrutins, le PS, traumatisé par l’échec du « oui » au Référendum, se déchire implacablement… Le congrès du Mans ne s’annonce donc pas comme un rendez-vous galant.

Etre ou ne pas être. Nous pouvons être fiers. Nos dirigeants régionaux assument un rôle de premier plan dans ce drame Shakespearien à l’issue encore incertaine (lire aussi en page 6). Michel Vauzelle a rallié le courant de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg, le « Nouveau parti socialiste » (NPS). Il a aussi limogé son vice-président et directeur de campagne, Patrick Mennucci, coupable d’avoir signé la contribution de la puissante fédération des Bouches-du-Rhône. Placé sous le parrainage de Jean-Noël Guérini, président du Conseil général, ce texte, poétiquement intitulé « républicains, européens et solidaires, se propose de faire la synthèse entre partisans du « oui » et du « non ». Les mauvaises langues lui donnent une autre finalité : en se positionnant au centre, le PS du département peut désormais compter les points, identifier comment le vent va tourner lors du congrès et rejoindre ensuite le camp des vainqueurs en monnayant son soutien.

Comme il vous plaira. A s’en tenir à la lettre de leurs écrits, les uns et les autres ne manquent pas de lucidité, d’ambition et de générosité. Les socialistes du « 13 » écrivent par exemple : « nos derniers succès électoraux étaient plus des marques de défiance vis-à-vis du pouvoir en place qu’une adhésion à nos réflexions ». Ou encore : « la démocratie doit être enrichie aussi par des formes nouvelles de démocratie, de renouvellement des élus, de non-cumuls électifs… ». Leur objectif ? : « un monde plus juste, plus solidaire, plus sensible aux faibles… ». La contribution du NPS ne manque pas non plus de lyrisme : « le long terme doit reprendre ses droits et déterminer le court terme. Nous devons sortir d’un système qui vit à crédit et consomme en permanence, jusqu’au pillage des réserves d’avenir, ressources naturelles, économiques, humaines ».

Beaucoup de bruit pour rien ? Les querelles d’hommes et d’appareils, les échanges sanglants qui accompagnent la lutte pour la conquête ou la préservation du Pouvoir – dont le parti socialiste n’a pas, loin s’en faut, l’exclusivité – suscitent logiquement railleries ou scepticisme. Et le citoyen lambda d’avoir parfois envie de s’exclamer : il y a quelque chose de pourri au royaume des politiques ! Sans doute. Mais les médias qui font mine de s’offusquer des batailles intestines tout en s’en délectant et en boycottant le moindre débat d’idées, ont leur part de responsabilité. Comme un grand nombre d’entre nous, électeurs, citoyens le temps d’un vote mais spectateurs passifs le plus souvent. En politique, les mots, même lorsqu’ils ne sont pas toujours suivis d’effets, même lorsqu’ils dissimulent des intentions moins nobles, ont du poids. Ils finissent toujours par faire sens. Un monde « plus juste, plus solidaire, plus sensible aux faibles ? ». Chiche ! On vous prend aux mots…

Le Ravi

Infos § satire seront au rendez-vous du prochain numéro du Ravi, en kiosque dès le vendredi 7 octobre

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