Faites la fête au Ravi !

Au Ravi, Le grand pardon, ce n’est pas ce nanar à la sauce pied-noir, sorte de chaînon manquant entre Le Parrain et La vérité si je mens. C’est une soirée encore dans toutes les mémoires où, en mars 2015, le « journal qui ne baisse jamais les bras » avait réussi l’exploit de remplir le Dock des Suds. Avec, pour l’aider des pointures comme Ihmotep de IAM, les Chinese Man…

Autant dire que, depuis un moment, nous avions envie de remettre le couvert. Or, quoi de mieux qu’un temps festif pour animer une campagne de soutien ? Il aura fallu à peine 30 secondes pour que Hazem, le patron du Molotov, cette salle mythique du centre-ville de Marseille, à la lisière de la rue d’Aubagne et du cours Julien, accepte d’accueillir le concert de soutien au Ravi.

Et guère plus pour dénicher une kyrielle de groupes prêts à jouer pour ce mensuel vraiment pas pareil : Los Fralibos, le groupe de guinguette né de la lutte historique que nos lecteurs et les amateurs de thé connaissent bien, Rapapache, un duo hip-hop marseillais engagé et engageant, ainsi que Jagdich Connexion, un trio caraïbéo-phocéen entre reggae et sega et Cocoboer, un groupe de punk aussi pêchu que poétique. En prime ? ACS, un trio talentueux de rappeurs marseillais « non désengagés » exilés en région lyonnaise, l’infatigable fanfare du Pompier Poney Club et, cerise sur le gâteau, Papet J du Massilia Sound System !

Quitte à faire la fête au Molotov, une salle au nom explosif et dont la dominante rouge et noire ne saurait être uniquement décorative, nous avons célébré à notre manière un anniversaire un peu particulier : les 20 ans du « 21 avril », la première fois où l’extrême-droite se qualifiait pour le second tour de la présidentielle. Ne dit-on pas qu’on ne rit de bon cœur que dans les cimetières ?

Et pas une soirée sans imprévu : comme l’annulation à la dernière minute d’Insomniacs, un trio de vétérans du rock… faute de batterie. Ou le Covid mettant HS notre « redac’chef » qui, malgré tout, dûment masqué, jouera les maîtres de cérémonie tandis que les précieux bénévoles de la Tchatche, l’association qui édite le Ravi, s’activent pour préparer le « catering » pour les artistes et repeindre le centre-ville avec l’affiche de notre campagne « SOS Ravi ».

Tandis que Rapapache se fend d’un clip pour rameuter le public (comme ACS), certains n’hésitent pas à mettre notre marmaille à contribution pour distribuer des flyers sur le cours Julien. Et ça marche ! Tandis que la crème des dessinateurs (Red, Charmag…) pointent le bout de leur crayon (mais seul Bib’s croquera, tout au long de la soirée, public et artistes), plusieurs centaines de personnes viennent soutenir le Ravi, lâchant quelques euros pour que le seul journal mêlant enquête et satire en région Paca ne casse pas sa pipe ou signant une pétition pour que les aides à la presse ne bénéficient pas qu’aux Niel, Bolloré ou Saadé…

Une soirée placée sous le signe de l’éclectisme !  C’est Marseille, bébé : rien de mieux qu’un set hip-hop pour commencer ! Place ensuite à notre fanfare pour permettre aux Fralibos de s’installer avant que Papet J ne vienne griller la politesse à Jagdich et mettre le feu au Molotov avec pour seule arme sa tchatche, un micro et une clé USB : « Pour le Ravi, est-ce que ça le fait ? », lance-t-il, goguenard en improvisant un titre pour vous inciter à faire un don au journal régional pas pareil. Mais le « sega », c’est plus fort que toi et notre trio aux sonorités caraïbe prendra sa revanche avant que Cocoboer ne clôture en beauté ce p… de concert en faisant rimer punk et Baudelaire. Qui, dans Les fleurs du mal écrit : « Âme toujours ravie ! Bouche au rire enfantin ! Plus encor que la Vie, la Mort nous tient souvent par des liens subtils. » Alors on compte sur vous pour faire sa fête au Ravi et éviter que notre prochain concert, ce soit au cimetière Saint-Pierre !

Un grand merci à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à ce que ce concert soit possible !