Rebondir comme on peut
« Je suis originaire de Strasbourg, j’ai grandi dans un quartier politique de la ville. Jeune, j’avais pas mal de problèmes de petite délinquance et j’avais en moi beaucoup de violence. Et j’ai rencontré le sport. Ça a structuré ma vie, ça m’a évité la prison », explique Sanoussi Diarra, ancien joueur de rugby professionnel. Lorsque sa carrière prend fin, il crée en 2004, son association d’éducation et d’insertion sociale et professionnelle par le sport, Rebonds !, basée à Toulouse. Elle intervient dans sept départements de la région Occitanie. A travers des animations d’éducation sportive dans les écoles, l’association repère les élèves les plus en difficulté, d’un point de vue scolaire ou du comportement, rencontre les parents et aide les jeunes à s’inscrire dans un des 80 clubs partenaires.
« Le club de sport est un espace de socialisation et de valorisation. Pour que les jeunes puissent y avoir accès, l’association va lever les freins financiers et de mobilité. Et met en place un accompagnement éducatif et social », précise Jules Sire, le directeur. L’action touche environ 10 000 jeunes entre 6 et 18 ans par an sur la région, dont 250 en accompagnement « renforcé », durant dix ou quinze ans. « Les problématiques sont multiples et la prise en charge doit être globale. La temporalité longue permet d’éviter les situations de rupture» , insiste Sanoussi Diarra.
« On nous a baladés »
Du social ? De l’éducation ? Du sportif ? Au départ, les institutions n’ont pas su dans quelles cases mettre l’association. «On nous a baladés. Jusqu’au jour où je me suis mis en colère, expliquant que c’était notre projet qui faisait foi. Dès le début, j’ai fait mesurer scientifiquement les effets de notre accompagnement sur les jeunes et leur famille, pour mettre tout le monde d’accord », souligne le fondateur. On a pris le pouvoir et on a fait des financeurs, des partenaires à l’écoute. On n’est pas dans la revendication, on est très pragmatiques. Nous avons appris à parler toutes les langues des institutions et tous les acronymes. »
Rebonds ! fonctionnait à ses débuts avec 70 % de fonds publics, mais pour ne pas être dépendante, l’association a choisi de privilégier à 50 % l’autofinancement ou les fonds privés. Pas chose aisée. « Il a fallu faire tomber des barrières idéologiques. Ce ne sont pas tous des méchants. Et de mon point de vue,l’argent de l’État n’est pas plus propre ou plus sale que l’argent privé », insiste l’ancien rugbyman. Il lui a fallu créer des espaces intermédiaires pour permettre de trouver un équilibre entre les besoins des entreprises et ceux de l’association. « Nos jeunes ont des compétences et doivent travailler. Les partenariats se sont faits de cette manière-là. » Rebonds ! travaille notamment avec la Fondation Vinci. Et Sanoussi Diarra de conclure : « Si je mène mes actions depuis 18 ans, c’est parce que j’ai compris que c’était indissociable de la capacité à s’organiser pour chercher des sous. Ma vraie responsabilité c’est de savoir comment je vais accompagner les familles dans cinq ans. »