Santé : enjeu important, moyens très limités
« Oui, ça n’est pas assez. » Si l’Agence régionale de la santé (ARS) reconnaît que la gestion des problématiques de santé dans les quartiers populaires en général, et à Marseille en particulier, manque de financement, on préfère quand même voir le verre à moitié plein. « La prévention est une priorité du ministère depuis deux-trois ans, donc les crédits augmentent », assure ainsi Nathalie Molas Gali, responsable du service prévention et promotion de la santé à la délégation départementale des Bouches-du-Rhône de l’ARS. Et d’insister : « On travaille avec le département, la région, les communes. Les collectivités partagent notre vision. »
Si le programme régional de santé de l’ARS comprend un programme de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé et consacre 8 millions d’euros par an dans les Bouches-du-Rhône à la prévention (60 % pour Marseille), ça reste « une goutte d’eau dans les politiques de santé », juge une technicienne de la métropole sous couvert d’anonymat. « Sur une question comme le saturnisme, on en est encore à attendre le dépistage de la maladie pour agir. Il y a une inefficacité des lois comme des politiques publiques locales », regrette de son côté Florent Houdmon, le directeur régional de la Fondation Abbé Pierre.
Une goutte d’eau
Ainsi, à Marseille, l’héritage Gaudin se fait, dans ce domaine, là encore sentir. « La gestion du service santé de la ville s’est délité sur les dernières années, poursuit notre technicienne. La nouvelle majorité affiche du volontarisme, mais elle a tout à reconstruire : il faut plus de moyens, plus de médecins, plus de personnels qualifiés en santé publique. » « J’espère que ce sera plus dynamique avec la nouvelle adjointe à la santé », grince encore Florent Houdmon. Tout juste démissionnaire du poste de maire, Michèle Rubirola (EELV), elle-même médecin de prévention à l’assurance maladie, désormais présidente de l’AP-HM (Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille), va reprendre la délégation (lire notre entretien page 4).
Aloys Vimard, de Médecins sans frontières, arrivé à Marseille pendant la gestion de la crise Covid, a l’avantage de pouvoir porter un regard neuf. « Les pouvoirs publics se saisissent de la situation pour réfléchir plus largement, il faut s’engouffrer », juge le chargé de projet. Exemple : « Une cellule précarité, qui regroupe institutions et associations, s’est mise en place avec la pandémie. Elle pourrait être pérennisée et c’est une bonne chose. On y aborde des problématiques antérieures, elle permet de fluidifier les pratiques et s’y exprime une vraie volonté de trouver des solutions. »
Reste que les problèmes de santé dépendent aussi de déterminants sociaux : ressources, emploi, éducation, logement, etc. Autant de champs abandonnés des pouvoirs publics dans les quartiers populaires.