Minot-trottoir
Soudain, vous découvrez que vos enfants sont macronistes ! A l’annonce de la fermeture des écoles lors du premier confinement, Adèle et Ivan (7 et 10 ans) ont explosé de joie ! Depuis, ils ont déchanté. Et, à l’annonce du dernier confinement, si l’aîné a affiché, bravache, un large sourire, sa sœur a fait la moue. A la veille de la rentrée, les voilà partagés : « J’aime pas le confinement mais j’aime pas l’école non plus », assène la gamine. Et l’école avec masque encore moins : « C’est dur de respirer, on transpire. Et quand on croise la directrice, elle nous dit sans arrêt de le remettre. »
Confirmation du frangin : « Elle nous menace même d’écrire “je dois porter le masque” 100 fois ! » Lui non plus n’est pas fan de l’école. Mais fait la part des choses : « A la maison, on travaille moins et nos jouets ne sont pas loin. Mais à l’école, c’est quand même mieux parce que tout le monde travaille et tu n’es pas dérangé par le bruit, la musique… Et puis les professeurs se débrouillent mieux que les parents ! » Sa sœur lâche : « Faut dire, notre maman, elle est un peu nulle en calcul ! »
Au-delà, la période a réveillé chez elle quelques angoisses : « Moi, j’ai peur de la mort. » Notre pré-ado, non : « Moi, j’ai pas peur du coronavirus. Même si je l’attrape, j’vais pas mourir. Mais la période, elle est pourrie ! On voit moins ses amis, on ne voit plus la famille. Nos grands-parents et nos tontons sont tous à plus de 10 kilomètres. » Difficile d’ailleurs pour la petite fille, quand elle a vu ses grands-parents, de s’empêcher « de faire des câlins ».
Quid du couvre-feu ? « C’est nul. Quand on va chez un copain, faut se dépêcher de rentrer », soupire Ivan. Mais Adèle crache le morceau : « En vrai, le couvre-feu, on le respecte pas trop. » Même tonalité sur la fin des activités, le judo pour le grand, la batterie pour la petite : « Macron, il a parlé à la télé et après, tout s’est arrêté. Alors que, dans la salle, on n’est que trois. Et une batterie, c’est gros. On est à plus d’un mètre ! »
Attention, tous les minots ne sont pas des râleurs invétérés. Lorenzo, la petite dizaine philosophe, témoigne d’une certaine forme de résilience : « L’école à la maison, ça s’est bien passé. Le matin, je fais mes devoirs et l’après-midi, la maîtresse fait les corrections par ordinateur. Rester à la maison ne m’a pas dérangé. Mais je préfère quand même être à l’école. Pour moi, porter le masque n’est pas trop dur parce que mon masque, il est tout doux ! »