J'ai testé pour vous : le test du Covid-19 !
C’est un peu « le théâtre dans le théâtre ». Et si je testais… le test pour le coronavirus ? Encore faut-il, sinon des symptômes, une ordonnance. Mais, avec le confinement, l’école à la maison et les apéros, faute de toux ou de fièvre, les céphalées et le souffle un peu court, je connais. Avec le médecin de famille, en deux minutes au téléphone, c’est réglé : à peine un des symptômes est-il évoqué que l’ordonnance est à l’accueil.
Se faire tester, mais où ? Parce qu’il y a l’embarras du choix à Marseille. Au labo ? Trop simple. Chez le prof Raoult ? Trop people ! À la mairie du 13/14 chez la nièce du frontiste marseillais Stéphane Ravier ? Trop extrême. Chez les collègues du Château en Santé à Kalliste ? Avec la rentrée, ils ont d’autres chats à fouetter. Je jette mon dévolu, entre Aix et Gardanne, sur le centre de dépistage à la frontière entre Simiane et Bouc-Bel Air.
Pas par hasard. Il a été ouvert par le colonel Marc Caudrillier, le patron d’un centre de formation spécialisé dans la lutte NRBC (nucléaire radiologique biologique chimique). Et qui avait initialement proposé de le monter à Cabriès. En vain. Sans que l’agence régionale de santé ne soit au courant, le maire sortant Hervé Fabre-Aubrespy a préféré monter son centre à lui. Peut-être parce que Caudrillier est proche de la candidate qui, au premier tour, lui est passée devant…
Le centre est donc à Bouc-Bel Air au complexe sportif Guy Drut. Et d’entrée, ça rigole pas : « Admission exclusive sur ordonnance d’un médecin » ! Dès que je m’approche, un militaire surgit. Mais ce n’est pas mon colonel. Qui, lui, m’accueille, à l’heure et en tenue, pour me faire visiter sa « machine de guerre ». Une guerre propre : il faut se laver les mains au gel.
Au milieu des agrès, en « zone verte », le « poste de commandement » de ce qui est à la fois un centre de dépistage et de consultation. Même si, cet après-midi, la quinzaine de boxes – dont un pour les urgences – restera vide. Ce qui n’empêche pas notre militaire de décrire par le menu le sens de circulation : « C’est le principe de la marche vers l’avant. On ne revient jamais vers l’arrière. Pour éviter les croisements. »
« Comme dans un bloc opératoire », commente le docteur – et candidat écolo aixois – Dominique Sassoon. Qui est lui aussi de la visite. Il a voulu monter un centre sur Aix-en-Provence, ce qui n’était pas du goût de la mairie. Alors il vient prêter main forte à celui de Bouc-Bel-Air. La première semaine, il y avait une vingtaine de patients par jour. Aujourd’hui, une dizaine. Déconfinement oblige, les médecins de ville reprenant leurs consultations, le site devrait de plus en plus s’orienter, avec un « drive », vers du dépistage. Clou de la visite : on a le droit de jeter un coup d’œil au joyau du centre, une grosse machine à laver sous tente kaki qui transforme les déchets médicaux en simples ordures ménagères.
Mais l’heure tourne. Il est 14 heures. Et pour le dépistage, c’est dehors que ça se passe. À bonne distance et avec trois autres compagnons d’infortune, je suis accueilli, sous la tente rouge, par un responsable de la sécurité et un policier municipal qui prennent mon identité et me donnent un masque. Une bénévole en tenue de cosmonaute s’occupe des formalités administratives avant de me diriger vers la tente de prélèvement où officie… le fils du maire !
Mon prédécesseur se tortille sur la chaise. Ça n’a pas l’air d’être une partie de plaisir. Confirmation du biologiste : « Se contenter de gratter l’intérieur du nez, ça ne servirait à rien. Alors ce n’est pas très agréable. Mais ce n’est pas douloureux. » À voir : il enfonce l’écouvillon – une sorte de gros coton-tige – dans chaque narine pour aller gratter, à environ 15 centimètres, au fond du pharynx.
Sous le chant nasillard et moqueur des canards, je prends congé en longeant un terrain de basket, me demandant par quel miracle, après m’être fait dégager les bronches de la sorte, je ne parviens toujours pas à respirer avec ce p… de masque ! Le résultat ? Il arrive le lendemain. Par mail. Avec un code d’accès. Suspense… « Négatif ». Ouf ! Ça valait le coup d’aller dans le centre d’un militaire : me voilà bon pour le service !