Confine-toi, télétravaille, consomme !
Confine-toi ! Télétravaille ! Consomme ! C’est la nouvelle devise républicaine façon Covid-19. L’état d’urgence sanitaire a bon dos. Personne, ou presque, ne conteste la nécessité de prendre soin de soi, des autres, afin de protéger les plus fragiles et âgés. Mais attention : un train de mesures altruistes peut toujours cacher un wagon d’intérêts particuliers. Se confiner ? Très bien ! Sans oublier de questionner les décisions politiques, conformes à des décennies d’orthodoxie libérale, qui ont défait les hôpitaux publics, sous-dotés en personnels et moyens, privant de surcroît le pays de masques et de tests de dépistage.
Protéger les entreprises ? Pourquoi pas ! Mais sans massacrer un peu plus encore le droit du travail en faisant reposer les efforts sur les seuls salariés alors que banques et grands groupes rechignent à renoncer à rémunérer leurs actionnaires. Les injonctions contradictoires se succèdent : télétravailler tout en faisant l’école à ses enfants ; ne plus sortir mais continuer à produire, n’importe quoi, n’importe comment, n’importe où ; fermer les marchés de plein air, mais laisser grandes ouvertes les portes des supermarchés et autres « hypers » en y exposant parfois les caissières, les clients…
Le coronavirus aura-t-il aussi la peau des solidarités ? Les « sans » – logement, emploi, papiers – sont les plus menacés par la crise sanitaire et par celle, sociale et économique, qui se profile. Et c’est nos libertés que défient, à Marseille ou à Nice, les drones de surveillance importés de Chine, ou les arrêtés municipaux imposant des couvre-feux démagogiques. Spéciale dédicace à Ferdinand Bernhard, le maire de Sanary-sur-Mer, triomphalement réélu, interdisant de sortir à plus de dix mètres de chez soi ou rendant obligatoire l’achat de plusieurs baguettes à la fois. Le virus de la bêtise a encore frappé.
