Cavaillon : urbanisme à marche forcée
Pas contents ! Jeudi 22 octobre au soir à Cavaillon, une cinquantaine d’habitants d’un collectif informel sont réunis autour du chemin de la Planque, un quartier tranquille et résidentiel, « le dernier de la ville », s’énerve Martine Rubio, où elle est propriétaire d’une maison depuis les années 60. Mais en juillet, la mairie a accordé un permis de construire pour un lotissement de 36 logements (dont 9 sociaux) sur 1 800 mètres carrés. « Une aberration, c’est complètement démesuré ! » Elle craint pour « la tranquillité et la sécurité » du quartier, la proximité du vis-à-vis, les nuisances, la chute du prix de l’immobilier…
Le terrain concerné est une petite friche naturelle où trône aujourd’hui une bâtisse abandonnée. Un « poumon vert » qui abrite « des arbres centenaires et des espèces rares » selon ces habitants qui s’inquiètent pour l’imperméabilité des sols dans une ville fortement exposée aux crues de la Durance. « Il y a quatre ans, tout le quartier a été inondé, l’eau était à quelques centimètres de rentrer dans la maison ! », s’inquiète Jacques Poiron, co-organisateur de cette soirée d’information.
L’un des participants attaque sur le risque de voir « débarquer toute la cité du docteur Ayme », des « fumeurs de chichas », avec toute la peur que le logement social traine derrière lui. « Il en fallait bien un », souffle, en colère, un quadra. « Ce n’est pas à mon avis un bon angle d’attaque, commente en privé Jaques Poiron. Nous voudrions plutôt jouer sur le côté environnemental. Le maire a promis plus d’espaces verts, c’est l’occasion ! »
Tous sont scandalisés par le manque de concertation : le maire LR Gérard Daudet n’a jamais daigné les rencontrer (1). Jacques Poiron, accompagné d’une avocate, tente de répondre aux interrogations, détaille les possibilités de recours judiciaires mais la résignation semble flotter. Il a bien consulté le parc naturel régional du Luberon, sans succès. « Même si le désarroi des habitants est compréhensible, la zone est constructible. Cette parcelle est une « dent creuse », ce qui permet de ne pas artificialiser des terrains en périphérie », nous indique un membre du parc. Sauf qu’on ne peut pas dire que la ville de Cavaillon soit une farouche protectrice des sols. Le Ravi en parlait l’été dernier : la communauté d’agglomération, dirigée par Gérard Daudet, mène un projet de zone logistique de 120 hectares (à terme) sur des terres agricoles… Le melon les pieds dans le béton !
1. La mairie n’a pas donné suite à nos sollicitations.