« Au moins deux SDF verbalisés » à Marseille, selon Emmaüs Pointe-Rouge
« Environ 150 personnes entre 7h30 et midi, et cela risque de grimper le temps que l’information circule. » Masqué devant le petit camion vert de l’association, Fathi Bouaroua, co-président d’Emmaüs Pointe Rouge, est accompagné de quelques bénévoles. L’association a décidé de reprendre sa permanence matinale place des Réformés à Marseille : un petit-déjeuner et une soupe en fin de matinée pour ceux contraints de se confiner dehors. « La solidarité, c’est notre raison d’être. Confinés, nous n’avons aucune raison d’exister », insiste l’ancien directeur régional de la Fondation Abbé Pierre.
Malgré l’annonce la veille par les services de l’État de l’ouverture de 200 « places d’hôtel » supplémentaires, il existe un problème d’accueil dans la journée, d’occupation. « L’après-midi, devant l’UHU (Unité d’hébergement d’urgence) de la Madrague, plus d’une centaine de personnes attendent que les portes ouvrent. Certains sans-abri ont peur du contrôle de police. » Selon des témoignages directs, il assure que deux sans-abri ont été verbalisés à Marseille pendant les premiers jours de confinement. Jointe par téléphone, la préfecture de police dément en certifiant « ne pas verbaliser les sans-abri ».
Sur le terrain, le vrai problème de ce début de crise sanitaire reste les bénévoles, qui font tourner beaucoup d’associations de solidarité. Mais beaucoup d’entre eux sont des personnes âgées et donc considérées « à risque ». L’aide alimentaire « est en train de reprendre mais tourne au ralenti », explique Fathi Bouaroua. La banque alimentaire, comme l’expliquait France 3 il y a deux jours, a du mal à collecter les denrées, faute de chauffeurs. Même si de nouveaux bénévoles, alertés par des messages sur les réseaux sociaux, ont proposé leurs services, en tout cas auprès d’Emmaüs.
Côté matériel de protection, c’est le système D : « Des couturières bénévoles nous ont fabriqué des masques sur le modèle proposé par le CHU de Grenoble. Pareil pour le gel hydroalcoolique, et c’est plutôt simple : 90 % d’éthanol, un peu de glycérine et de l’eau oxygénée. » L’association a dû également imprimer des attestations de sortie. « Mais à partir de demain [aujourd’hui, Ndlr], il faudra préciser le motif heure par heure… Un peu compliqué pour des gens qui sont à la rue tout le temps… Mais on continue, quoi qu’il en soit ! »
Emmaüs a besoin de bouteilles d’eau, de savon, de sucre et de fruits frais. Le matin de 7h30 à 10h, place des Réformés à Marseille, devant leur local.