Vol au-dessus d’un nid de cocos
ACTUALISATION (5 AVRIL) : alors que, depuis le début de la semaine, le maire PC de Gaby Charroux, sa responsable de cabinet ainsi qu’Alain Nercessian du FC Martigues semblent s’être fait porter pâle, le parquet de Marseille a communiqué pour indiquer que, dans le cadre de l’enquête sur la Semivim, la semaine dernière, ce sont neuf personnes qui ont été interpellées et placées en garde à vue. A l’issue, six personnes ont été déférées devant le juge d’instruction, avec mise en examen pour favoritisme et placement sous contrôle judiciaire de la directrice de la Semivim, Corinne Dupont ainsi que l’adjoint de quartier et promoteur Mehdi Khouani. L’adjointe au logement Linda Bouchicha, elle, n’a pas été déférée pour raison médicale mais s’est vue remettre une convocation pour une éventuelle mise en examen. De quoi raviver les tensions au sein de la majorité. S.B.
ACTUALISATION (7 AVRIL) : les quatre élus de la « minorité » (EELV-LFI) au sein de la majorité -Stéphane Delahaye, Blandine Guichané, Olivier Mauruc ainsi que Patrick Courtin- ont annoncé dans la soirée leur démission avec effet immédiat, appelant, dans un communiqué, à de nouvelles élections. En cause ? Le refus de la part du maire de prendre en compte la mise en examen de son adjoint de quartier Mehdi Khouani (lire ci-dessus), l’édile s’en tenant en substance au respect de la présomption d’innocence. Suite au passage dans l’opposition de l’insoumis Frédéric Grimaud, à la démission de Caroline Rimbault-Minot, au pas de côté de Franck Ferraro et à la politique de la chaise vide d’Eliane Isidore (ancienne adjointe au sport et mère de la directrice de cabinet de Gaby Charroux), la majorité martégale n’en finit pas de se fracturer. Et d’aucuns de s’interroger sur la conduite à venir des élus venant de la société civile, notamment la journaliste de Charlie Sigolène Vinson. S.B.
Comme le confirme le parquet, « l’enquête à Martigues est toujours en cours ». Dont acte : le 30 mars, dans le cadre des investigations menées sur la gestion de la Semivim, l’office HLM de la ville, les enquêteurs de la PJ ont entendu et mis en garde à vue Corinne Dupont, la directrice de l’organisme ainsi que deux élus et membres également du conseil d’administration : l’adjointe à l’urbanisme Linda Bouchicha (dont l’absence lors du dernier conseil municipal a été remarquée) et l’élu de quartier (notamment de Croix-Sainte) et promoteur immobilier Medhi Khouani. A noter que leur bureau et leur domicile ont également fait l’objet d’une perquisition. Et, d’après ce que le maire aurait expliqué aux agents de l’organisme, cela serait lié à leur rôle au sein de la commission d’appel d’offres.
Sur place, ils sont de plus en plus à se demander : « A qui le tour ? » Mais rares sont ceux qui se risquent au moindre commentaire, sinon en off. Il faut dire que l’ouverture de cette enquête autour de la Semivim, l’office HLM de la ville – avec perquisition, mises en examen et même incarcération (de la directrice du patrimoine Patricia Baptiste et de son compagnon médiateur, Adel Baha) – a fait l’effet d’une bombe. Au sein de l’organisme comme de la municipalité.
Les enquêteurs s’intéressant aux conditions dans lesquelles sont intervenues des entreprises, au service des marchés, c’est le branle-bas de combat, obligé de remonter, à minima, jusqu’en 2018, notamment pour « Jumpy Kids », « Puzzle Construction », « Techni Elec »… « Tous les marchés sont passés au peigne fin », nous dit-on.
La procédure n’est pas sans conséquence côté « RH ». En novembre, le maire assurait que l’enquête sur les « RPS » (risques psycho-sociaux) n’avait pas fait l’objet d’un « signalement auprès de l’inspection du travail et de la médecine du travail ». Une ligne maintenue lors du conseil fin mars. En omettant de dire que les salariés ont non seulement saisi l’inspection mais aussi lancé une « alerte harcèlement ».
En revanche, il n’aura pu passer sous silence le fait que, suite à la procédure de licenciement initiée au lendemain de leur mise en examen, Baha ne vient de sortir des effectifs que tout récemment tandis que Baptiste, elle, n’en sortira que début avril ! Quand on sait qu’elle a été embauchée en 2014 à « 4089 euros » par mois… Mais le slogan de la Semivim n’est-il pas « d’abord l’humain » ?
« L’humain d’abord », c’est aussi entre l’office HLM et les locataires. Plusieurs mois après avoir été pris à partie lors d’une réunion de quartier, le maire et ses proches se sont invités aux Quatre vents, un ensemble géré par la Semivim où sont menées d’importantes opérations de réhabilitation. Le lendemain, plusieurs habitants de la résidence se sont retrouvés au tribunal, illustration du bras de fer entre l’office HLM et, entre autre, l’amicale des locataires.
De fait, alors que l’enquête est toujours en cours, c’est politiquement qu’elle a déjà des conséquences. La majorité de Gaby Charroux est pour le moins fracturée puisque, dans le sillage de la démission du cégétiste Franck Ferraro, c’est la composante EELV-LFI-Citoyens (la « minorité » au sein de la « majorité ») qui s’est disloquée. Avec la démission d’une élue et le passage de l’insoumis Frédéric Grimaud dans l’opposition.
De quoi attiser les tensions au sein d’une majorité qui se sait sur le grill. Illustration lors du dernier conseil, le maire ne supportant pas les commentaires de l’opposition sur l’octroi de 7000 euros de subvention pour l’accueil des réfugiés ukrainiens et en soutien à SOS Méditerranée, Charroux mettant sur le même plan les interventions du RN et de son ancien allié insoumis !
Pendant ce temps, le jeu des chaises musicales à la Semivim continue puisqu’après le départ en toute discrétion de l’élu (et promoteur) Medhi Khouani du conseil d’administration de la Semivim, suite à la démission de Frédéric Grimaud et de son collègue écolo Olivier Mauruc, pour les remplacer, celui qui a été nommé, c’est le chef de file EELV de la « minorité », Stéphane Delahaye, passé auparavant par la Semovim (la société en charge des équipements touristiques).
Entre le PC et EELV, l’entente semble plutôt cordiale. D’aucuns noteront que l’écolo Blandine Guichane, simple « conseillère municipale » (« déléguée » , précise le groupe, ce que n’indique pas le document de la mairie…) touche autant que les « adjoints de quartier », d’après un document recensant les indemnités des élus. Où l’on apprend qu’en tant que maire, Gaby Charroux, touche, avec « 52273 euros », moins que celle dont il était jusqu’à peu le patron, l’ex-directrice du patrimoine de la Semivim embauchée à « 53157 euros ». Voilà qui devrait intéresser le Chambre régionale des comptes qui a prévu de mettre la Venise provençale à l’agenda de ses prochains contrôles.
1. Le maire comme ses conseils du cabinet Racine ont refusé de répondre à la « petite presse »comme l’élu a surnommé le Ravi lors du dernier conseil municipal.