Un toit pour rebondir
A 300 m des plages du Prado et à 3 km du Parc national des calanques, sur le site de l’auberge de jeunesse Bonneveine, temporairement fermée, située dans les quartiers sud de Marseille, se trouve un lieu de répit pour une trentaine de femmes, victimes de violence, et autant d’enfants. Elles sont sans papiers, venues du Nigéria, femmes Roms, certaines toxicomanes, d’autres avec des problèmes d’alcool, avec cinq places dédiées au 115. « Une cohabitation qui crée des frictions mais aussi de l’humain et de la rencontre », souligne Jean-Régis Rooijackers, coordinateur projet de l’association Just.
Ces femmes sont toutes venues là pour se poser, rebondir et se reconstruire, quelques jours ou quelques mois. Les locaux appartiennent à la ville de Marseille qui les met à disposition d’un collectif de sept associations pluridisciplinaires coordonnées par Yes we camp, soutenu par l’État et l’Agence régionale de la santé. Le lieu a ouvert ses portes en mars dernier, son occupation est temporaire jusqu’au 31 décembre. Mais le collectif espère poursuivre entre les murs jusqu’à mars de l’année prochaine, voire jusqu’au printemps « pour permettre aux enfants de pouvoir terminer l’année scolaire dans leur établissement », explique Jean-Régis Rooijackers.
L’Auberge marseillaise est un lieu de mise à l’abri inspiré de l’expérience du Village Club du soleil qui pendant le confinement a permis à 150 sans-abri d’être logés pendant deux mois, dans un centre de vacances trois étoiles à la Belle de Mai (Marseille 3ème). Ce lieu se veut émancipant et participatif. Ici le règlement intérieur est moins strict qu’ailleurs. L’alcool par exemple n’est pas interdit mais doit être consommé hors de la présence des enfants. « Ici, les femmes sont entourées. On vit des choses ensemble. Notre philosophie c’est de créer du lien avec elles et de ne pas simplement les voir comme un problème à résoudre », insiste Jean-Régis Rooijackers.
Si la vie se fait en collectif, et les prises de décision aussi, chacune a sa chambre. Et à chaque fois que l’une s’en va, l’équipe redonne un espace neutre à la suivante, afin qu’elle se l’approprie, le temps du séjour. « Le collectif ne convient pas à toutes, celles qui veulent partir le peuvent. Mais certaines aussi ont du mal à nous quitter tout de suite. On réfléchit actuellement à créer une sorte de Airbnb qui leur permettrait de pouvoir revenir une nuit par semaine si besoin » explique Jean-Régis Rooijackers. Le maillage associatif est tel que pour celles à qui l’Auberge ne convient pas, une solution, dans un autre lieu de vie, est trouvée. Le but étant de n’exclure personne…