Rue d'Aubagne : quand Gaudin fait SES commémorations
L’an dernier, peu après les effondrements de la rue d’Aubagne, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, qui comptait organiser une conférence de presse sur place, avait dû y renoncer, devant se réfugier sous les ors de la préfecture. Serait-on en train d’assister à une forme de remake ?
En effet, alors que la semaine de commémoration à l’occasion de ce sinistre anniversaire commence dès aujourd’hui, notamment pour saluer la mémoire des 8 victimes des effondrements, la mairie, elle, a décidé de rendre un hommage un peu particulier. Il y a une semaine, un mail part de la Direction d’un service au nom surréaliste, « Ville durable et expansion » : « À l’occasion de la commémoration des événements du 5 novembre 2018, Monsieur le Maire souhaite vous adresser sa reconnaissance et ses remerciements pour l’investissement dont vous avez fait preuve durant ces derniers mois au service des Marseillais. »
Et d’inviter les bailleurs sociaux, Marseille Habitat, certaines associations et organismes (notamment ceux qui ont oeuvré à l’accueil des délogés) au PC chargé des évacuations, dans le 3ème arrondissement de Marseille le mardi 5 novembre à 9 h 30. Soit juste après les 8 minutes de silence qui doivent se dérouler rue d’Aubagne à 9h05.
Mais la ville n’est pas en reste. Si elle semble vouloir éviter Noailles, une cérémonie se déroulera à Hôtel de ville avec les conseillers municipaux, les parlementaires et Marseille Espérance, l’association oecuménique de la municipalité, a annoncé Jean-Claude Gaudin en conférence de presse ce matin. Et le maire LR de Marseille devrait aussi rendre hommage au travail des marins-pompiers et dévoiler une plaque commémorative, qui sera installées rue d’Aubagne ultérieurement. C’est effectivement plus prudent…
Ces informations, qui ont circulé notamment du côté de la Plaine, sont loin d’être passée inaperçues du côté des collectifs. D’autant que la ville a décidé, à la veille de ce triste anniversaire, de faire son propre bilan sur « les actions menées pour la prise en charge des sinistrés et pour la résorption de l’habitat indigne ».
Si les différents services de la mairie n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview, un des organismes invité comprend que l’organisation d’événements au moment même où les habitants rendront hommage aux victimes puisse être diversement apprécié : « Après, le fil rouge, c’est la commémoration, le recueillement, se rappeler ce qui s’est passé et expliquer ce qui se met en place désormais, avec une parole limitée et, à mon sens, c’est plutôt une bonne chose ». C’est sûr que ce n’est pas la soirée « chocolat » à la mairie des 6-8 où, le jour des effondrements, plusieurs élus de la droite marseillaise faisaient la fête dans cette villa au nom si judicieusement appropriée : « Bagatelle ».