Berthoz : le cabinet est-il fermé de l’intérieur ?
Le cabinet Berthoz, dixit son site, est une « entité familiale à dimension humaine fondée en 1927 qui a su rester actuel et répondre aux attentes de ses clients ». Fils du consul du Niger, son directeur, Jean Berthoz, a été réélu à la tête de l’Union des syndicats de l’immobilier. Et a l’oreille de Patrick Amico, l’élu du Printemps marseillais en charge du logement indigne, selon qui Berthoz peut faire de la « pédagogie ».
Dur à avaler à Noailles. Longtemps, le cabinet a eu son siège 67 rue d’Aubagne. Pour lequel la métropole lui avait accordé 186 000 euros au titre de l’aide à l’habitat ancien avant que cela ne lui soit retiré « faute de travaux », se souvient l’ex-« Madame logement » Arlette Fructus. « On ne pouvait les faire sans résoudre les problèmes au 65 », se défend Berthoz. On connaît la suite, le 5 novembre 2018 : un effondrement, huit morts. Dans le coin, le cabinet Berthoz gère d’autres biens. Rue Jean Roque, depuis des années, des locataires bataillent sur les charges. Et ont même, face à des douloureuses de plus de 1 500 euros, proposé de faire eux-mêmes le ménage. En vain, le cabinet réclamant, moyennant 15 euros la relance (150 euros via huissier) les impayés.
Un an de réflexion
Qu’importe les effondrements : en novembre 2018, Berthoz lance la procédure pour l’expulsion d’un habitant ! En septembre 2019, un arrêté de péril est prononcé. Cela fige la situation : les locataires n’ont plus à payer le loyer. Le cabinet les relance malgré tout, estimant qu’à cette adresse, le seul souci, c’est « un cabanon en fond de cour ». Sauf qu’il n’a toujours pas été rasé. Berthoz n’a pas l’air pressé : ce n’est que cet été qu’ont été réalisés les sondages dans les appartements pour s’assurer de la solidité des plafonds et planchers.
Soupir de Jean Berthoz : « On stigmatise les acteurs, avec les propriétaires d’un côté et les occupants de l’autre. Il faut faire de la pédagogie sur le rôle de chacun. Voilà pourquoi échanger avec le collectif du 5 novembre est intéressant. Comme eux, on a une vision du terrain. Ici, la majorité des copropriétés sont petites et anciennes. Il va y avoir des travaux lourds à réaliser. »
Et d’ajouter : « Rue Jean Roque, on a fini par se retirer d’une copropriété car, malgré les problèmes structurels, les propriétaires s’échinaient à vouloir faire les travaux eux-mêmes ! Repeindre la cage d’escalier coûte moins cher que la toiture. Malheureusement, il a fallu 8 morts pour se rendre compte de l’état du patrimoine. » L’an dernier, le thème de la « journée de la copropriété », c’était « Travaux en copropriété : état d’urgence ou urgence d’État ? ». En attendant, l’ex-mur mitoyen à l’arrière du 67 rue d’Aubagne qui surplombe la « dent creuse » continue de donner des suées aux habitants jusqu’au cours Lieutaud…