Entre passe-droits et arrêtés de péril, la mairie de Marseille navigue à vue
Encore un élu marseillais mouillé ! Après Xavier Cachard, Bernard Jacquier et Thierry Santelli qui ont dû démissionner de leur mandat parce que propriétaires de taudis, c’est au tour de l’adjoint au Sport de la ville de Marseille, le nageur Frédéric Bousquet d’être éclaboussé puisque copropriétaire, avec sa SCI « Grand Sud », d’un immeuble, entre Noailles et le cours Julien, faisant l’objet d’un arrêté de péril.
Comme l’a constaté – à l’instar de La Marseillaise – le Ravi, l’arrêté, d’ordinaire placardé sur la porte de l’immeuble, a disparu. Et si le bâtiment, faisant l’objet de travaux, a été évacué, cela n’empêche pas le restaurant qui loue les murs à la SCI de l’élu de continuer à tourner. Un cas qui n’est toutefois pas isolé, le patron d’une PME en centre-ville nous disant, pour ne pas mettre la clé sous la porte, avoir bénéficié d’un accord tacite pour poursuivre, malgré un arrêté de péril, son activité.
Jusque dans ses rangs internes, la mairie de Marseille ne sait pas vraiment où elle habite. Malgré le « devoir de réserve » des fonctionnaires territoriaux et la note qui est venue opportunément le leur rappeler, l’un d’eux, travaillant dans l’un des services liés à l’urbanisme, a accepté de parler.
Pour nous dire sa « colère. Parce qu’aujourd’hui, encore, c’est panique à bord. Sur le coup, ça peut se comprendre. Mais trois mois après… » En effet, dès le lendemain, « a été mis en place une cellule de crise. On nous a demandé d’être solidaires et, sur la base du volontariat, d’y participer. Mais sans être pour autant dégagés de nos missions propres et sans formation ni suivi ». Résultat ? « Les fonctionnaires s’y succèdent, y consacrant un ou deux jours par semaine mais sans savoir ce qui a été fait ni ce qu’il y a à faire. Et sans être préparé à répondre à des gens qui sont en panique ou dans des situations d’urgence ! »
Une preuve, pour cet agent, que « ce n’est pas – et cela n’a jamais été – une priorité. Le logement insalubre, ce n’est pas clinquant. Et ce n’est pas leur électorat ». A cela s’ajoute « la désorganisation liée à la mise en route de la métropole, une bonne partie des compétences relatives à l’urbanisme – mais aussi du personnel – ayant été transférées ». Et pas sûr que la nomination en tant que directeur général des services de Domnin Rauscher, désigné pour piloter la lutte contre l’habitat indigne, améliore les choses : « Jusque-là, il se partageait entre la ville et la métropole. Ce qui ne nous a pas aidés à y voir clair. Mais bon, on est dans une ville qui ne connaît pas précisément son patrimoine, alors… » Autant dire qu’on n’est peut-être pas à l’abri de nouvelles « surprises ».