Des banquets très citoyens
Des tables au milieu de la pinède, des enfants qui jouent, des gens qui se parlent sans masques… Ce vendredi 18 juin en fin de journée, une quinzaine d’enfants et une quarantaine d’habitants des cités populaires de Vitrolles (13) ont retrouvé un peu de liberté. Surtout, ils se retrouvaient à l’invitation des centres sociaux Le Bartas et Les Salyens pour un Banquet citoyen au jardin pédagogique et partagé des Pétunias, dans le quartier des Pins, un ensemble de près de 800 logements sociaux en fin de réhabilitation. Les thématiques de la soirée : la justice sociale et la démocratie.
Avec trois autres de Marseille – La Garde (13 arrondissement), le Grand Canet et Saint-Gabriel (14e arrondissement) -, l’association gestionnaire des deux structures (Aves) vitrollaises fait partie de la trentaine de centres sociaux ayant répondu à l’appel à expérimentation de la fédération nationale des centres sociaux : pour son congrès 2022, année de son centenaire, cette dernière souhaite en effet sortir des grands messes habituelles pour réinvestir le champ politique et porter le débat dans l’espace public. L’exemple est celui des banquets républicains (payants et réservés aux hommes) du XIXe siècle. Sous couvert de festins en plein air, ils faisaient office de réunions politiques sous la Restauration et la Monarchie de juillet (1815-1848).
« Il y a eu un vrai plaisir des gens »
Pour les centres sociaux, l’enjeu est aussi « identitaire », pour reprendre le mot de Joseph Richard-Cochet, le délégué départemental de l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône (USC 13) : « Notre cœur de métier étant les actions d’animation et les prestations, comme l’accès aux droits, on ne nous considère plus comme une chose politique. Pourtant, que ce soit au niveau national ou au niveau local, notre projet l’est fondamentalement : comme il y a 100 ans, à la création de la fédération, nos statuts affirment toujours que nous sommes un acteur de transformation sociale. Mais au-delà des mots, il faut que cela se voit. Peut-être a-t-on été trop coopératifs avec les collectivités publiques… »
Malgré une mobilisation plus faible qu’espérée et des débats limités dans le temps, l’expérience des Banquets est donc « validée » pour l’USC 13. « On voit que les habitants, y compris des quartiers populaires, ont envie que l’on joue ce rôle », note avec satisfaction Joseph Richard-Cochet. « Il y a eu un vrai plaisir des gens, y compris des enfants, à pouvoir échanger sur des sujets qui ne sont pas habituels pour eux, et même de voir qu’on écoutait leur parole alors qu’habituellement ce sont eux qui sont dans l’écoute. Si on ne les avait pas arrêtés, ils auraient continué à travailler ! », retient également Eric Serre, le directeur du centre social La Garde, qui a organisé un des premiers Banquets le 15 juin. Mais sans banquet ! Explication : « A cause des contraintes sanitaires, on s’est concentré sur les débats, l’objectif le plus important. Et c’était un défi : on organisait avec des habitants un temps de discussion sur leur quartier, ses réalités, sans moment convivial ! »
L’autre but, c’était que les habitants prennent en main banquet et débat. Là encore, le succès est au rendez-vous. Mieux, certains ont aussi participé activement à ce supplément. Eric Serre : « Pour nous, le point central c’est que les habitants soient acteurs, qu’ils trouvent leurs propres solutions… »