Les parents d’élèves marseillais ont le seum !
Nous sommes des parents d’élèves, usagers de l’école (maternelle et élémentaire) publique de Marseille réunis en collectif qui fonctionne démocratiquement. Le CeM (Collectif des écoles de Marseille) se prononce comme l’expression « avoir le seum » (du mot arabe « sèmm » qui signifie venin), utilisée à tout va dans les années 90, dès que nous étions énervés, en colère ou dégoûtés. Ce clin d’œil, qui peut faire sourire, révèle cependant l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. La colère de voir les établissements scolaires publics dans un réel état de délabrement. Et de se confronter à une municipalité, qui, bien que consciente de la situation, ne bouge pas, ne fait rien. Rappelons-nous bien que la mairie de Marseille est la seule responsable, pour les écoles primaires : de l’état des bâtiments scolaires et de l’encadrement des élèves (hors temps de classe).
Nos écoles sont dans un état déplorable. Pas toutes, certes, mais beaucoup. Mais combien alors ? C’est ainsi qu’est née l’idée de notre collectif de lancer une enquête citoyenne pour recenser les problèmes rencontrés dans les 444 écoles publiques de la ville. Nous voulions voir, savoir, nous rendre compte. A ce jour, notre enquête a été remplie par plus de 130 écoles qui nous ont fait part de problèmes liés au bâtiment, mais aussi au manque de moyens humains de leur école. Les résultats (disponibles sur notre site internet) sont accablants. Nous espérons collecter encore davantage de témoignages. Notre objectif est simple : dénoncer une situation insupportable et faire pression pour que nos écoles soient toutes rénovées.
Ecoles à l’abandon
Laissons la parole à l’accusée : « Nous investissons plus de 40 millions d’euros par an pour les écoles. C’est notre premier poste budgétaire. » La mairie dit investir, très bien. Mais pas suffisamment. Et bien trop souvent pour les écoles de quartiers bien identifiés, ceux dont l’électorat leur a permis d’être au pouvoir. Sans oublier le traitement de faveur réservé aux écoles privées qui reçoivent plus de dotations par élève que dans le public. Les chiffres sont là pour en attester. Quand certaines écoles sont équipées en tablettes numériques, d’autres sont laissées clairement et volontairement à l’abandon. L’insalubrité des locaux, les classes surchargées, les toilettes hors service, les toitures qui fuient et s’effondrent sur les élèves, les réfectoires envahis par les punaises de lit, les cafards qui pullulent, la présence d’amiante, les normes de sécurité incendie non respectées, la non-accessibilité aux élèves en fauteuil roulant, le manque criant de personnel municipal sur le temps de cantine (1)… C’est intolérable et tous les enfants de la République méritent le même traitement. Ce clientélisme, ce mépris du peuple et les mensonges à répétition ont engendré cette colère, voire cette haine, chez bon nombre de parents d’élèves, professeurs et citoyens.
C’est donc tout à fait naturellement que notre collectif a rejoint la soixantaine d’associations et de collectifs signataires du Manifeste pour un Marseille vivant, ouvert et populaire. Nous avons participé aux Etats généraux de Marseille, en juin dernier, durant lesquels nous avons animé, avec d’autres associations, collectifs et syndicats, un atelier d’échanges sur l’école, l’éducation et les droits de l’enfant. Il en est ressorti la volonté de construire une charte de l’enfant à l’école qui mettra en miroir les obligations de la mairie en termes d’accueil de nos enfants et leurs droits. Nos enfants ont droit à l’éducation sur la base de l’égalité des chances. Tout enfant présentant un handicap physique ou mental doit recevoir un traitement adapté, une éducation et une place parmi les autres enfants. Nos enfants ont le droit de jouer, de se reposer et d’avoir des loisirs. Nos enfants ont le droit d’être protégés des risques qui compromettent leur santé.
Ces droits sont bien trop souvent bafoués du fait d’écoles tout simplement indignes de notre République. Nous avons contacté le Défenseur des Droits. Pour eux, les problèmes d’hygiène, de sécurité et d’atteinte à la santé peuvent être considérés comme de la maltraitance. Il ne faut pas avoir peur des mots, car la situation n’est pas anecdotique mais catastrophique. Nous espérons qu’il ne faudra pas attendre un drame comme celui de la rue d’Aubagne pour que la situation de nos écoles change enfin. D’ici là, nous ne lâcherons rien.
Si l’union fait la force, unissons nos voix pour les faire entendre de force !
1. Pour plus d’informations et pour consulter les résultats de l’enquête : ecoles-marseille.fr