Contre Macron et son monde
Au premier tour, dit-on, on choisit, au second, on élimine. Vu la carte de la présidentielle, Paca est loin d’être uniformément « macro-compatible ». Et il faut être à l’ouest pour voir le vote RN comme un acte de résistance ! Pourtant, face à la macronie, notre région est bien plus farouche que celui qui la préside.
Parfois d’une manière un peu brusque. Au moment du mouvement des gilets jaunes, notamment de la discussion du Ceta (le traité de libre-échange), plusieurs permanences de marcheurs ont été dégradées. A noter avec le mouvement antivax, les menaces jusqu’au domicile du député macroniste salonais Jean-Marc Zulesi. Ou, d’après l’étude de deux chercheurs d’Aix-Marseille, l’occupation particulièrement intense des ronds-points en Paca.
Propriété collective
N’est-il pas plus beau pied-de-nez que d’avoir à passer devant le domicile de Christophe Castaner à Forcalquier pour aller à Longo Maï ? Une communauté autonome et autogérée bien implantée dans la région puisque présente aussi dans le Luberon et la Crau. Emblématique de cet attrait pour le pas de côté, deux lieux à Marseille (Manifesten et la Déviation) appartiennent au Clip, un réseau de lieux en propriété d’usage, en clair, un système de propriété collective qui permet à une demi-douzaine d’espaces gérés collectivement de « sortir » du marché immobilier ! Et, lors de l’AG annuelle, plusieurs projets en Paca se sont fait connaître, notamment du côté d’Avignon mais aussi dans les départements alpins.
Comme le disait en rigolant un occupant de la « Zone à patates », cette Zad visant à préserver des terres agricoles de l’extension d’une zone industrielle à Pertuis : « Entre le bocage nantais et une Zad dans le sud, y a pas à hésiter ! » Même si la « Zap » est désormais expulsable à tout moment, notre région peut s’enorgueillir d’avoir connu l’an dernier la première Zad souterraine, une ancienne mine à Mazaugues dans le Var occupée pour bloquer un projet de carrière !
« Dictature feutrée »
Après tout, si, ailleurs, les Mc Do, on les démonte, à Marseille, dans les quartiers nord, l’Après-M, lui, est devenu un « fast-social-food » après des mois de lutte. Les luttes, Olivier Leberquier connaît. « A 12 ans, on jouait à cache-cache dans les couloirs du France qui était bloqué au Havre », se souvient l’ex-syndicaliste CGT qui, avec ses camarades de Fralib et après 1336 jours de lutte, a arraché l’usine de thé à Unilever pour en faire une coopérative.
Une Scop qui a reçu la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Olivia Grégoire et qui a été primée par la Cress Paca parmi les entreprises ayant le mieux résisté à la crise sanitaire : « Pour une raison simple. On n’a pas de dividendes à distribuer à des actionnaires », lâche le président de Scop-TI.
Mais, dans la période, il se veut prudent : « On est en pleine discussion avec l’État et la métropole. Car, pour l’heure, la location du foncier et du bâti de notre usine plombe nos résultats. Alors, on marche sur des œufs… » Il n’en pense pas moins. Dénonce la « dictature feutrée » dans laquelle on vit et ces politiques qui « considéraient qu’on menait un combat d’arrière-garde ou qui ne pensaient pas qu’on y arriverait. Moi, aussi loin que je m’en souvienne, tout ce que l’on a eu, ça a toujours été par la lutte. Et heureusement, tout ne passe pas par les urnes. »