De la balle au prisonnier
Incarcéré, on ne sait si Adel Baha, le compagnon de la directrice de patrimoine de la Semivim, joue à la balle au prisonnier. Mais les tournois de foot, les retransmissions de match, c’était les principales activités de celui qui était « médiateur » au sein de l’office HLM. C’était même l’objet de son association Martigues Equilibre qu’il avait montée avec un ancien du FC Martigues, Alexandre Coulot : « Pratique de l’éducation physique. » Mais aussi « aide aux personnes en difficulté ».
Sa deuxième association, Martigues Evolution, se fera plus précise : «Développer un espace d’accueil, de loisirs et de détente, d’échange, de rencontre pour et avec les habitants de Martigues et notamment de sa jeunesse, dans le but d’améliorer le lien social entre les citoyens ; réaliser des actions socio-culturelles, éducatives et sportives, de la prévention en partenariat et concertation avec les partenaires locaux, associations, institutions, collectivités et individus, dans le but d’améliorer la citoyenneté. »
D’où l’organisation d’une « Street foot cup » avec le Club athlétique de Croix Sainte. Ce que le président de ce dernier, Jean Vallar, reconnaît sans peine : « Baha venait du quartier. C’est lui qui a eu l’idée d’organiser un tournoi. » Comment refuser ? Si le FCM est centenaire et Croix Sainte né au sortir de la guerre, ce n’est que l’été dernier qu’un partenariat a été signé entre les clubs de Martigues. Et, face au million octroyé au FCM, les deux autres équipes touchent 20 fois moins. Pourtant, rappelle le patron de Croix-Sainte, « avec 500 licenciés, on est le premier club de la ville ». Soit, dit-il, cent de plus que le FCM. « On se plaint pas. Mais c’est difficile de recruter. On ne peut pas payer un éducateur comme au FCM. Et puis, on n’a pas de fourgon. Pour transporter les mômes, on utilise nos véhicules… »
Baha, lui, a de solides soutiens. Ses sponsors ? La ville, la Semivim mais aussi des entreprises du BTP, une agence immobilière… Résultat ? La retransmission de la finale de l’Euro, c’est avec grillades, paëlla, DJ et « structures gonflables ». Souvenir de Vallar : « Y avait du monde. Les enfants, les familles… »
Dans un post pour se mettre en avant lors d’une distribution alimentaire, Baha philosophe : « On ne donne pas ce qu’on possède, on ne possède que ce qu’on est capable de donner, sinon, on est possédé. » Mais, dans La Provence, il a beau dire ne bénéficier que de « dons qui proviennent de particuliers et d’entreprises », ceux qui font la retape pour son initiative, c’est l’élue aux associations Camille Di Folco et le patron des centres sociaux Didier Savoy (accessoirement passé par Maritima).
Échange de bons procédés : sur les réseaux sociaux, Baha cadre suffisamment large pour qu’on voit bien, au-dessus des colis alimentaires, les affiches du maire. Qui, sur le compte Facebook de son employé, pose tout sourire à ses côtés, non loin de Patricia Baptiste.
« Mais c’est fini, soupire le patron de Croix Sainte. Baha a eu… des ennuis. Oui, la Semivim. On s’attendait pas à ça. Pensez donc ! Un jeune du quartier venu nous voir en nous disant : “Si vous voulez, je peux vous aider”… » En attendant, la page Facebook de Martigues Evolution est toujours active. Dernier post en date ? Le 4 décembre pour fêter le centenaire du FCM: une vidéo où le maître de cérémonie est un certain Gaby Charroux.