Jouer dans les ruines
Bus Stop Press est un label suffisamment prolifique et protéiforme pour qu’on ait pu qualifier celui qui l’anime d’« anarcho-stakhanoviste ». Ce dernier, Giz Medium, est partie prenante – plus précisément bassiste – au sein d’un groupe portant le nom du « héros » du roman épistolaire Lettres d’insurgés : Yarostan. Une formation dont on vous a déjà parlé dans le Ravi et qui, a chaque fois qu’on les croise dans les petites salles marseillaises, est une véritable claque, témoignant d’une force de frappe on ne peut plus conséquente. Dans le jargon qui sied à cette galaxie musicale, Yarostan, ce serait du « post-screamo », en clair, des guitares polymorphes dialoguant avec une basse et une batterie aussi impressionnantes l’une que l’autre. Des vagues de son qui vous traversent, servant des textes oscillant entre mélancolie et révolte. Ce deuxième album (mais n’oublions pas le 1er disque éponyme) se voudrait – ne nous méprenons pas face aux tons pastels de la pochette ou au rose de la K7 – presque plus sombre que le précédent. Mais, derrière le nihilisme, affleure la colère. Et l’envie, malgré tout, pour reprendre un des morceaux de l’album, de « jouer dans les ruines ». Est-ce parce qu’on l’a un peu attendu, on confesse avoir une petite préférence pour les précédentes productions. Mais c’est aussi parce que Yarostan a été notre porte d’entrée pour découvrir des groupes comme Wormsand, Bourbier ou encore, cette bombe qu’est Krigelstein.
Yarostan II, édité par Bus Stop Press. CD, vinyl, K7. Prix libre. En vente à l’issue des concerts ou via leur bandcamp.