Occitan, non ?
De la Crau ? Une oreille distraite pourrait penser à une version abâtardie de houblon, de cette canette vidée faute de mieux. Mais sur la Plaine, à Marseille, quand surgit Sam Karpienia, avec sa casquette, sa dégaine de « titi » phocéen et son accent traînant, De la Crau fait évidemment référence à son groupe et à la steppe, entre Alpilles, Arles et Camargue, où se tournèrent des westerns avant qu’un complexe pétrochimique n’y pousse !
De la Crau, c’est un peu ce fracas, entre dépaysement assuré et étrange familiarité, ou comment une langue et des instruments qui s’ancrent dans la tradition viennent dire avec justesse et acuité la modernité d’un propos. Et d’une colère. Faisant la nique aux couvre-feux, aux confinements et à la fermeture de ces lieux de culte où s’élève l’âme sans besoin d’une transcendance factice, avec ses complices, Manu Reymond à la contrebasse et Thomas Lippens aux percus, les voilà qui sortent, en version électronique Temperi, un EP que l’on espère pouvoir bientôt déguster en « live ». Ça parle de tempête, de manif, de migration.
L’album a reçu l’aval du batteur fondateur de Motörhead et il a été mis en image par Franck Pourcel, photographe et voisin du Ravi. De quoi nous rappeler notre premier coup de cœur marseillais, Mutacion Nacion et que cela fait trop longtemps qu’on n’a pas traîné du côté de l’Ostau, le centre culturel occitan de Marseille.
Temperi, de De la Crau, EP (6 titres), avec le soutien de La compagnie du Lamparo et de Kermes production sortie digitale le 19 février sur bandcamp.