En rouge et noir ?

Non, il n’est pas ici question de Stendhal, d’un tube oubliable des années 80 ou des couleurs préférées du révolutionnaire. Mais de la Commune. Et sous un prisme original : celui de la consommation d’alcool. Il faut être un ancien journaliste de CQFD et désormais vigneron pour avoir ce genre d’idée ! Il est vrai que, pour expliquer l’insurrection à la fin du XIXème siècle, les chroniqueurs de l’époque ont trouvé un coupable idéal : l’alcool. Certes, si, à en croire Pasteur, « le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons », la « légende grise d’une Commune noire », comme l’écrit Mathieu Léonard, s’enracine. Et a la peau dure. Cette propension des classes populaires à lever sinon le poing du moins le coude, nourrira différents courants, du néo-malthusianisme qui fleure bon l’eugénisme à d’étranges franges de l’anarchisme. L’auteur, taquin, note que, lors du mouvement des gilets jaunes, un ministre de l’Intérieur – dont la réputation de serial « noceur » n’est pourtant plus à faire – a mis sur le dos du froid et de l’alcool les débordements sur les ronds points. C’est vrai qu’en matière de politique de la santé, nos gouvernants sont prêts à nous faire boire le calice jusqu’à la lie. Autant dire que l’essai de Mathieu Léonard se boit comme du petit lait. A consommer sans modération ni risque de mal de tête.
L’ivresse des communards, « prophylaxie antialcoolique et discours de classe », par Mathieu Léonard, Lux Editeur, 284 pages. 18 euros.