Histoires d'HOT...
Il y a des lieux impossibles à indiquer sur une carte. Comme des livres difficiles à ranger dans une case. L’essai que signe Sophie Bertran de Balanda, architecte-urbaniste, est de ceux-là.
Il est pourtant clairement situé au cœur du port pétrolier de Lavéra, non loin de Martigues, sur une rive du chenal de Caronte. Mais il retrace une disparition, celle d’un hôtel d’abord dédié aux « gens de mer », construit en 1960 pour accueillir les marins en escale, transformé en « routier » fréquenté par les employés du cru. Puis entièrement détruit en 2011 suite aux nouvelles normes sur les risques industriels.
De photographies en témoignages, d’archives en dessins réalisés par l’auteur, Sophie Bertran de Balanda documente avec sensibilité et rigueur la naissance, la vie et la mort d’un lieu-monde. Il y est aussi bien question de pipeline que de chats sauvages, d’architecture que d’amours clandestines, de solitude que d’humanité chaleureuse au cœur d’un site où tout semble excessif, l’industrie comme la nature, martyrisée mais omniprésente et indomptée.
HOT… , soit les trois lettres de l’enseigne de l’Hôtel en friche longtemps en équilibre sur son toit avant l’ultime démolition, est aussi l’histoire d’une renaissance possible : à l’image du « jardin de l’extrême » qui fleurit sur un site suspendu dans l’attente d’une réinvention.
HOT…, « le jardin des gens de mer, histoire d’une disparition », 298 photographies, dessins et documents d’archives, par Sophie Bertran de Balanda, éditions Parenthèses, 224 pages, 28 euros.