« On peut retrouver de l’élan dans nos villes montagnardes »
Le Ravi : La crise du Covid et ses fermetures des lieux culturels a-t-elle mis un stop au Top ?
Grégory Montel : Paradoxalement, ça l’a plutôt accéléré ! La préfecture a perçu l’intérêt du projet, qui s’inscrit dans le plan national de redynamisation des cœurs de ville. Elle a débloqué pas mal de choses, et nous sommes passés d’un budget de travaux de 1 million d’euros à 2,5 millions, financés par l’État, la région, la banque des territoires et la ville. On va avoir une scène immense de 130 m², 10 m de hauteur sous plafond, des gradins escamotables… Quelque chose de très modulable pour pouvoir faire aussi bien du cirque, du cinéma, de la boxe, du théâtre, des concerts, des salles de répétition. On a obtenu le permis de construire. On finit de rechercher les entreprises, et après on en a pour 18 mois de travaux. On devrait ouvrir une fois la crise du Covid terminée, on espère…
D’autres lieux culturels existent autour du Top, comment allez-vous vous positionner ?
On a déjà un partenariat avec le K’Fé Quoi à Forcalquier. On peut aussi se rapprocher du théâtre Durance à Château-Arnoux, pour essayer d’obtenir un label ensemble. Le Top ne doit pas être une coquille vide qui n’ouvre que quatre fois par mois. On veut un lieu ouvert de 8h à 23h, avec un toit terrasse, un café, des actions d’insertion et de formation, une cuisine collaborative, des salles de répétition, des bureaux partagés… En trois ans, on devrait atteindre un budget de 500 000 € par an, autofinancé entre 40 et 50 %, ce qui est beaucoup !
Il y a eu quelques frictions avec la salle municipale René-Char…
C’est un équipement qui date et qui n’est plus adapté aux besoins, il y a une étude d’ingénierie culturelle qui décrit exactement cela. Mais on peut tout à fait être complémentaire, notamment sur les pratiques amateurs.
Et pour la programmation du Top ?
Aujourd’hui, à la montagne, dans les salles de spectacle on ne voit que des profs ou des cadres de la fonction publique. La vie culturelle s’est étiolée. On veut vraiment renouer avec un public populaire. A une époque, le Top, c’était des pièces avec de Funès, des concerts d’Eddy Mitchell, des jauges de 800 ou 1 000 personnes… On peut retrouver du spectacle populaire. On le voit dès qu’on fait un événement, notamment les festivals de soutien au Top, il y a du monde, les gens ne sont pas rassasiés. On rêve d’un grand festival d’hiver, qui rayonne dans tout le haut de la vallée, en janvier-février par exemple, les mois les plus durs.
Avec l’accès de la culture, c’est aussi une façon de vivre à la montagne qui est en jeu ?
Entre la déshumanisation des grandes villes et les suites du confinement, je suis persuadé qu’on peut retrouver de l’élan dans nos villes montagnardes. Le monde économique et les élus ont compris que la culture est un facteur de développement.
Après les travaux, vous allez laisser son nom au Top ?
Absolument ! Ça reste toujours un mot à la mode et ça permet plein de jeux de mots, pas toujours très bons en plus !
Propos recueillis par Frédéric Legrand