Dolos, Apaté et les Pseudologoi
Dans la mythologie grecque, les trois divinités sont interdépendantes. Dolos est la version masculine d’Apaté et les Pseudologoi leur sont liées. Il s’agit de la personnification de la duperie, de la fraude, de la tromperie et de la malhonnêteté pour l’une, et de la supercherie, de la fourberie, de la perfidie et de la traîtrise pour l’autre, les deux étant liées aux mensonges dont on suppose qu’ils fussent leurs vils créateurs. Si une image symbolique devait planer sur notre époque, ce serait la leur…
Ce qui me fais le plus peur aujourd’hui, c’est cette espèce de bruit de fond sur les passeports d’identité numérique qui, doucement mais sûrement commencent à séduire nos élites qui y voient un bon système de contrôle, un crédit social à la chinoise, un outil qui, effectivement ferait passer les devoirs (et pourquoi pas forcés) avant les droits.
Parfois, on entend parler de transhumanisme, de puces qui feraient de nous des humains augmentés, de nos données utilisées par les États, les Gafam, les industries… Si tu n’as rien à cacher, tu n’as rien à craindre… Mais franchement ça vous fait fantasmer ça ? Un monde froid, sans rêves, sans poésie, où on devient des machines à produire ayant droit de se divertir selon le gré du roi ? Un jour sur mon application de bon citoyen j’entendrai peut-être une voix nasillarde me dire : « Bonjour Sylvain, il y a 5 ans quand notre guide suprême n’était encore qu’un simple mortel vous aviez écrit « Macron tête de con » dans un journal désormais prohibé, vous avez utilisé tous vos points, vous devez 369 années de travaux d’intérêts généraux à vos compatriotes… »
Tel un homo sapiens classique du siècle dernier qui a effectué sa première connexion internet à l’âge de 30 ans (comme aime à me le rappeler mon fils), je croyais, jusqu’à peu, que Google, Microsoft et Facebook étaient de généreux philanthropes proposant leurs services gratuitement. Avant de comprendre qu’ils se font une fortune en négociant mes données personnelles, se laissant des libertés quant à leurs utilisations qui, pour certaines perspectives, paraissent complètement délirantes. Et, en ce sens, j’ai un peu l’impression d’un acte sans mon consentement libre et éclairé, une espèce de viol.
Si un jour, pour mon plus grand bien, les élites décidaient de m’inciter, au travers d’une « obligation volontaire » à donner tous mes droits à l’État, concentrant toutes mes données dans un tiroir virtuel qui pourrait créer une éventuelle désactivation sociale au gré du roi, je ne serais pas d’accord… Enfin en espérant pouvoir encore me le permettre !
Ceci étant dit, n’oublions pas les délices et les plaisirs, Hédoné et Euphrosyne en mythologie ! Et lançons-nous dans une petite recette fondante, gourmande et si peu diététique qu’elle pourrait bientôt être interdite par la « securitate » sociale.