Happy culture
Nous sommes en décembre, la ruche hiverne. La reine a arrêté de pondre. Sa dernière ponte destine ses œufs à devenir ces abeilles qui passeront l’hiver en ayant la capacité de vivre pendant plus de 150 jours contre environ 50 jours pour l’abeille de la belle saison. Elles n’auront pas la nécessité d’utiliser leurs différentes glandes et consacreront, donc, toute leur énergie au réchauffement de l’essaim.
Cette population d’hiver sera composée de 5 à 10 000 abeilles contre 30 à 50 000 en été. Celles-ci auront pour mission d’assurer la survie de la reine coûte que coûte jusqu’à l’arrivée de températures plus clémentes. Pour ce faire, elles vont composer ce qu’on appelle une grappe qui va se former au plus proche des réserves de miel. Au cœur de cette grappe, la reine, les dernières nées, et une température qui ne descendra pas en dessous des 20°.
Durant tout l’hiver, nos ouvrières vont passer leur temps à battre légèrement des ailes pour celles se trouvant à l’extérieur de la grappe et à contracter leurs muscles pour celles de l’intérieur, générant, ainsi, la chaleur nécessaire. Elles vont créer une rotation qui les fera traverser les différentes strates de la grappe de l’intérieur vers l’extérieur en 24 heures. Beaucoup vont mourir.
Puis, doucement, la nature se réchauffera, laissant éclore les premières fleurs de printemps. La reine enverra ses premières éclaireuses qui reviendront chargées de nectars et de pollens, la ruche retrouvera sa joie de vivre et l’activité reprendra. Au début, en Haute Provence, ce sera un miel toutes fleurs, mélange de fleurs des champs et de fruitiers avec un peu d’acacias. Certaines années, c’est le thym qui fera une belle « miellée » en fin de printemps, début d’été.
Pour les ruches basées non loin des forêts, avec un peu de chance, avant la traditionnelle miellée de lavande, on pourra faire du miellat, miel obtenu par la collecte des déjections de pucerons et très recherché par les amateurs sous l’appellation « miel de forêt ».
Ensuite l’apiculteur laissera ses ruches se reposer et se renforcer avec les floraisons de fin d’été et puis le miel de lierre, qui fleurie en automne, constituera les réserves pour traverser l’hiver. Sur la côte bleue, le romarin démarrera les hostilités. Dans le Var acide du massif des Maures, le mimosa pour son pollen et la bruyère pour son nectar seront recherchés en premier par les abeilles.
Ainsi les apiculteurs peuvent fonctionner de deux façons, sédentaires, et ils feront en générale deux miellées, une de printemps et une d’été, ou transhumants, et ils partiront à la quête des fleurs les plus nectarifères en suivant les saisons, travaillant avec intuition et espérance.
Vous l’avez compris, je me lance dans l’apiculture, pris de passion pour les abeilles, tellement nécessaires à mon travail de semencier. Du coup ça change mon style d’écriture, c’est plus sérieux, mais ne vous inquiétez pas, il sera de retour dès la prochaine chronique. Ahah !