A questions philosophiques, réponses par un menu complet ! Tous les jours de confinement, le Ravi puise dans ses archives une recette "cuisiner, c'est déjà résister !" signée par Pierrick de Salvert, le cuistot bohème, ou Sylvain Musseri, le paysan semencier pas pareil.
J’ai appris, dans un passionnant petit ouvrage appelé La ville perchée (Christine Breton et Martine Derain, édité par Hôtel du Nord/Editions Communes), que les premiers habitants de la Provence, au Paléolithique, étaient anthropophages. Une nouvelle étourdissante. Malheureusement des historiens qui n’assumaient pas de tels parents, ont jeté un voile pudique sur cette découverte. La vérité s’est délitée sous leur langue de bois. Et les débris d’os humains rongés, mélangés à ceux de quelques autres mammifères dans une grotte de Beaurecueil, à 5 km d’Aix-en-Provence, sont tombés près d’un siècle aux oubliettes.
Nos ancêtres ont renié nos aïeux, par honte : cet héritage est peut-être encore plus dur à porter que le premier. Voilà ce que je me dis, et aussi : mon arrière-grand-père était anthropophage, mon grand-père a reçu de Dieu les tables de la loi, mon père adore les huîtres, qui suis-je ? Est-il possible de faire des pets qui sentent bon ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Ces questions, cher lecteur, aussi inattendues soient-elles, se sont téléscopées avec la chronique culinaire du Ravi et ne resteront pas sans réponse. Mais attention ! Il ne s’agit pas ici d’une tribune philosophique mais bien de cuisine comme ne manque pas de nous le rappeler notre rédacteur en chef. Voici donc des réponses culinaires sérieuses à des questions « philosophoques ». Le défi (et il est de taille) consiste à manger les trois plats qui suivent tous ensemble dans la même assiette.
Pierrick – Le Grain De Sable
Travers de porc, salade et pois farcis
Un cochon qui s’en dédit (Alias travers de porc à l’ail, au thym et au miel)
« Mon arrière–grand–père était anthropophage, mon grand–père a reçu de Dieu les tables de la loi, mon père adore les huîtres, qui suis-je ? »
Pour 1 personne :
4 travers de porc
3 gousses d’ail
2 cuillers à soupe de miel
Force thym
Sel et poivre du moulin
Faire chauffer le four au max. Presser l’ail dans le miel, ajouter le thym, saler, poivrer. Enduire les travers de porc de cette mixture. Les faire dorer au four jusqu’à ce que ça soit vraiment intenable. Tout dévorer en mangeant avec les doigts. Sortir dans la rue et faire comme si rien de tout ça n’était arrivé.
Salade de topinambours au vinaigre de framboises
« Est-il possible de faire des pets qui sentent bon ? »
Pour 4 enfants :
4 belles patates nouvelles
2 topinambours
2 œufs durs
29 câpres
Un bouquet de feuilles de moutarde ou une demi-cuiller à café de moutarde forte
5 cuillers à café de vinaigre de framboises
Plein d’huile d’olive
Sel et poivre du moulin
Couper les patates et les topinambours en petits dés, les cuire ensemble dans l’eau salée, il faut qu’ils restent un petit peu croquants. Pendant ce temps couper les feuilles de moutarde en lamelles, réduire les œufs en miettes et les jeter avec les autres ingrédients dans un saladier. Ajouter les patates et les topinambours encore chauds et bien mélanger. Laisser refroidir à température ambiante. Déguster. Faire tout l’après-midi des petits pets parfumés à la framboise.Youpi ! »
Petits pois farcis
« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Il vous faut :
Pour quatre personnes qui travaillent vite
Deux caisses de petits pois frais
Un bol de farce
Une bonne semaine de préparation
Ecosser les petits pois, puis les couper en deux, les évider et les farcir un par un. Une fois que le geste est pur, qu’un rythme s’installe, on a tout le loisir de réaliser que cette tâche est parmi les moins valorisées par notre société. Elle ne rapporte rien, ne consomme rien, ne recherche aucune sorte de performance. Elle est éphémère, presque invisible. Les galaxies de petits pois « s’expansent » dans le frigo. C’est un univers entier façonné par les doigts de l’Homme, un vrai morceau d’histoire et, nos ancêtres l’avaient compris, il faut savoir mordre dedans !