Fractales bolognaises
On pourrait croire que les millions d’organismes présents dans le nombril humain ne sont là que pour nous dévorer une fois la fin venue. Leur unique but serait de se maintenir en vie pour le festin final. Une fois notre corps entré en décomposition, il en sortirait de partout et ça se rejoindrait soudain en un cortège de funérailles qui s’enrichirait de milliards de petits individus mal sapés, avec des grosses mandibules qui tentent de gérer une salivation extrême.
Parfois, et c’est bien normal, il nous vient l’envie d’exterminer toutes les espèces vivantes présentes dans ce nombril. On le regarde un bouchon d’eau de javel dans une main et une brosse à dents dans l’autre, on veut en finir avec cette engeance invisible qui contient l’idée indigeste de notre disparition future.
Mais nous ne tuons pas, car cette vermine est notre alliée. Elle nous rappelle notre condition sur la surface de cette terre. Infime partie d’un tout grouillant happé par un avenir inconnu. Comme les staphylocoques, nous sommes animés d’un étrange instinct de nous mouvoir quoi qu’il advienne, et même si le sens du travail est diffus, que l’automne est mélancolique et qu’une brume de découragement s’attarde parfois sur nos fronts, nous avançons, et nous savons répondre au sourire des enfants.
C’est dans la touffeur de ces pensées fumeuses que sont nées les fractales bolognaises. Mais leur origine remonte au temps où il fallut nourrir de nombreuses personnes avec très peu de viande. On peut en effet réduire presque à néant la dose de viande nécessaire à cette recette.
On a souvent considéré les boulettes de viande comme symbolisant des testicules. C’est faux, car les boulettes de viande se présentent rarement par deux. En réalité les boulettes de viande sont des petits mondes, et à chaque bouchée nous accomplissons la fermeture d’une boucle cosmique reliant l’infiniment grand à l’infiniment petit. Alors nous pouvons fermer les yeux et laisser couler la sauce dans notre bouche car, enfin, tout a un sens.
Fractales bolognaises
Pour les boulettes
– 100g de pain dur
– 100g de viande hachée de bœuf
– 1 oignon mixé
– 1 œuf
– sel, poivre
Mélanger tous les ingrédients et former des petites boules de la taille d’une balle de ping-pong (ajouter du lait pour rectifier la consistance). Faire chauffer de l’huile d’olive dans une poêle puis faire dorer les boulettes sur toutes les faces.
Récupérer les boulettes sur du papier absorbant et réserver.
Pour la sauce :
– 2 oignons
– 3 gousses d’ail
– Tomates fraîches ou tomates en boîte
– Aromates (frais de préférence) : thym, romarin, sauge, persil, estragon, laurier, basilic (ce que vous avez)
Faire revenir l’ail et l’oignon, y jeter les tomates, faites réduire. Assaisonner, mettre les aromates et les boulettes. Prolonger la cuisson une vingtaine de minutes. Servir avec des nouilles et du parmesan.