Samain, du rutabaga à la courge
Ancêtre celte d’Halloween, Samain est la fête des druides.
Durant une semaine, ils se livraient à des communications d’ordre surnaturel avec l’au-delà, la lutte avec les démons, l’exploration de nos côtés sombres, de la face cachée de la lune… Passage magique de transition d’une année vers l’autre.
Pour eux, il existait deux périodes, une obscure consacrée à l’intériorisation, comme un bilan d’évolution, poser un regard sur nos peurs et voir si elles sont fondées, puis laisser venir une période lumineuse qui permettra de pratiquer une vie plus libre, comme une transmutation de nos blocages en forces utiles, en nouvelles découvertes, plus de joies…
Samain, comme un plongeon dans des jours plus courts et des nuits plus longues. Ou comment éclairer la nuit avec nos lanternes, l’écoute objective et sincère de nos faces cachées pour illuminer et transmuter, comme des alchimistes, puis plonger ensemble vers les jours plus longs qui suivront inévitablement, à l’image de la nature qui après avoir abandonné sa beauté extérieure, ses feuilles, ses fleurs, retourne vers ses racines, et dépose les graines de la promesse d’une renaissance… vers le printemps, perpétuel changement, où on pourra, une fois de plus, se laisser caresser par le soleil et jouir de la vie avec moins de limites que l’année d’avant.
Je pourrais poursuivre avec un pamphlet contre l’utilisation commerciale d’Halloween, mais, en fait, je m’en fout ! J’aime bien cette fête et les bonbons. Vous pesterez tout(e) seul(e) avec votre propre sens critique. Non, ce qui m’intéresse c’est d’avoir appris que les fameuses lanternes appelées « Jack O’lantern » étaient réalisées avec des rutabagas jusqu’à ce que les Irlandais, autres Gallois et Écossais, aient massivement migré vers le nouveau monde, et commencent à sculpter les courges, dont la fameuse « Jack O’lantern », variété parfaitement adaptée à cet art.
Une fenêtre en or pour parler une fois de plus de biodiversité cultivée, puisque l’industrie agricole française a encore une fois limité la production à quelques courges, dont le potimarron, la butternut, la courge musquée de Provence et la longue de Nice…
Or, il existe encore ici plusieurs centaines de variétés découpées en 5 grandes familles (pépo, maxima, moschata, argyrosperma et ficifolia). C’est une érosion génétique qui nous coupe de grandes saveurs et d’une extraordinaire richesse de formes et de couleurs… Heureusement les jardiniers préservent cette famille et savourent toute la magie artistique qu’offre une fois de plus la nature dans sa générosité et son goût de la beauté.
C’est de ficifolia que je vous parlerai aujourd’hui. Famille la plus réduite, elle ne comprend que quelques variétés, dont même la star est méconnue. Il s’agit de la courge du Siam, la mal nommée, puisqu’elle vient elle aussi des peuples indiens d’Amérique.
On en trouve, selon Jean-Luc Danneyrolles, une trace dans un roman de Marcel Pagnol, preuve qu’elle était cultivée en Provence. Elle a la même particularité que la courge spaghetti : sa chair, une fois cuite, se découpe en filaments avec lesquels les peuples méditerranéens réalisent la fameuse confiture aux cheveux d’ange que l’on retrouve sur nombre de pâtisseries…