Moi, Gérard Depardieu, grosse prise
« On n’est pas bien ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland. Et on bandera quand on aura envie de bander ! » (1) C’est pas de moi, c’est du Bertrand, pas le dir cab de Gaudin andouilles, c’est un dialogue de Bertrand Blier. Faut pas confondre les torchons et les serviettes, bordel ! « C’est une débandade artistique, un raté industriel, un navet maison ! » (2) : ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère les critiques qui ont eu le « privilège » de voir Marseille avant les abonnés de « Nesquick » (3) ou les ménagères de moins de 50 ans sur TF1. Mais ils croyaient quoi ces cons de plumitifs quand les Ricains ont dit qu’ils allaient tourner un House of cards à Marseille pour vendre en Europe des abos à leur robinet d’eau tiède ? Ils pensaient que la Maison Blanche et le pavillon Bargemon (4) c’est du pareil au même ? Qu’Obama c’est comme un Hollande qui aurait un peu trop bronzé ?
« J’ai lu un épisode de la série, c’était bien. » (5) C’est qu’il y a du dialogue là-dedans. Allez, je suis sympa, je te le fais à la Edmond Rostand, genre tirade du nez de Cyrano. Gracieux : « Il fait trop chaud dans cette putain de ville (…) les pince-fesses ça te met le feu au cul. » (6) Tendre : « Ma femme n’aime pas les petits étuis, elle dit que ça enlève tout le plaisir. » (6). Emphatique : « Je suis un crocodile aux aguets, prêt à mordre, à t’arracher la gueule. » (7) Lyrique : « C’est pas avec les casseroles qu’il a au cul qu’il va faire bouillir la marmite. » (8) Et puis merde, je dois te confier un truc : cette histoire de trahison entre un maire et son dauphin aux pseudos accents shakespeariens agrémentés façon bouillabaisse, ça me gonfle. Comme les politiques. « L’acte politique est perverti dès le départ (…) La corruption, il y en a tout le temps. C’est inhérent à la vie moderne. Le gars qui est dans sa campagne, dans la steppe, qu’est-ce que tu veux qu’il corrompe ? L’oiseau qui lui chie dessus ? » (9)
« Les hommes politiques sont rarement des modèles de vertu. Ils sont dans l’arrangement, la stratégie. Ils mentent constamment (…) Je fréquente beaucoup d’hommes de pouvoir. S’ils veulent rester des hommes sans se renier, c’est impossible. » (10) Attention quand même, il y a des exceptions. « Mon Christian » par exemple (11). Je n’ai pas attendu comme toutes ces molasses le deuxième tour des élections régionales pour soutenir Estrosi. J’ai même interrompu un tournage à la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille pour aller lui claquer la bise. J’adore les autodidactes ! Il n’était pas peu fier « mon Christian ». C’est que « les poissons, cela se pêche, surtout en période électorale » (12). Et puis moi, je suis une grosse prise ! Bon, en même temps, je vois le genre de rapprochements que les plumitifs ont pu faire : Depardieu, il est fan d’Estrosi et de Poutine. Mais bon sang, arrêtez de l’emmerder mon Poutine ! « Je lui ai offert une montre suisse en platine avec un aigle dessus. J’ai la même au poignet. » (13) « Poutine n’aime pas les bolcheviques, même hors des frontières de la Russie. Il en voit quelques-uns en France (13) Et puis ce n’est pas un dictateur, personne ne crève de faim en Russie. » (14)
« La corruption, il y en a tout le temps. »
Le maire de Marseille, pas moi, le vieux, il a un peu la trouille avec cette série. D’un côté, les projos, le bling-bling, ça l’enchante bien sûr. Mais de l’autre, il a peur que son image soit un peu plus dégradée encore. Allez, je te fais une devinette. Qui a dit la phrase suivante : « À Marseille, tout s’achète. J’ai 20 ans de mairie mais tu ne trouveras jamais mon empreinte dans le pot de confiture. Même si j’ai souvent fermé les yeux, je ne suis pas aveugle. » (7) C’est Jean-Claude Gaudin ou c’est Robert Taro, mon personnage ? Taro, quelle rigolade ce nom ! C’est peut-être un clin d’œil des scénaristes au jeu de cartes d’André Breton – tu vois j’ai pas fait d’études mais j’en sais des trucs – celui qu’il a inventé avec ses copains pendant son exil marseillais. Et puis j’ai évité le pire : ils auraient pu m’appeler Robert Belote tant qu’à y être…
Bon allez, c’est pas que je m’ennuie, mais j’ai des trucs à faire, mes restaurants, mes boutiques, mes vignes, mes propriétés. Tu aimerais que je te dise quelques mots sur Marseille, la ville ? Rien à foutre. Je ne m’appelle pas Kad Merad. Je joue dans des navets moi aussi mais je suis moins sentimental. « Le tournage a duré trois mois, j’ai vécu à l’hôtel. » (5) Tout est dit. T’es pas content ? Tu veux que je te fasse un couplet sur l’OM ? « J’étais goal quand j’étais petit. Je me faisais tellement chier car je n’avais jamais la balle que je mettais la main dans mon short. J’ai eu une petite érection et j’ai commencé à me branler. J’ai arrêté le match. » (15) T’en veux encore ? Monsieur le maire de Marseille, c’est de l’histoire ancienne. J’ai donné mon accord à Fanny, Ardant, pour jouer Staline dans un film qu’elle va réaliser. Ça va plaire à mon Vladimir, je parle de Vladimirovitch, bien sûr, pas d’Ilitch Oulianov. « Mon Christian » (11) aimera moins peut-être…
Bon je file à Cannes avec Tour de France de Rachid Djaïdani, une histoire d’Arabes où je joue un maçon. Quel ennuie Cannes ! « Cela a bien changé. Avant il y avait la Momie, Gilles Jacob en haut des marches et maintenant c’est Pierre Lescure et Thierry Fresmeau. C’est pas pareil et le cinéma non plus. » (16) Je t’offre une dernière réplique made in « Nesquick » (3), la meilleure : « Mon Dieu, que c’est dur de vieillir ! » (17)