La France loin de Macron
C’est l’histoire imagée de cette fameuse France périphérique. Et pour le coup, pas n’importe laquelle, celle du nôôôôrd. Pour cet album roman photo, le photographe Vincent Jarousseau a posé ses guêtres pendant plus d’un an à Denain peu après l’élection d’Emmanuel Macron, petite ville de 20 000 habitants dans le département du Nord, près de Valenciennes. Symbole de la désindustrialisation, elle abritait jusqu’au début des années 80 un site métallurgique d’Usinor, qui employait 10 000 personnes. Elle est aujourd’hui l’une des communes les plus pauvres de France. À travers une série de portraits, ces photos dépeignent un malaise social, celui de gens qui acceptent mal l’injonction présidentielle d’En Marche à la mobilité : « il faut bouger pour s’en sortir » résume l’auteur. Misère sociale, déconnexion des élites en miroir, Jarousseau ne tombe pas dans l’écueil de la caricature prolétarienne (sans échapper tout de même au fan de tuning) et rend Tanguy, Loïc, Fatma ou encore Martine attachants, même si on aimerait en bouger certains. Ils parlent quelques fois de politique, en veulent à la France d’en haut, pour finir sur les ronds-points en jaune. Bien souvent leur première manifestation. Le tout raconté à la force de ces clichés qui vous imprègnent sans que vous ne sachiez l’expliquer.
Les racines de la colère, de Vincent Jarousseau. Les Arènes, 161 pages, 22 euros.