Maryse Joissains "UNI" toutes les droites
Lors du dernier conseil municipal à Aix-en-Provence, le 18 mai dernier, c’est une passe d’armes qui n’est pas passée inaperçue. La socialiste Gaëlle Lenfant interpelle la maire sortante sur le fait que sa police municipale a posé en photo avec l’Uni, un syndicat étudiant qu’elle dit « très proche de l’extrême droite ». Maryse Joissains, crucifix et masque en bandoulière s’étrangle : « Pour moi, l’extrême gauche, c’est aussi néfaste que l’extrême droite. » Et de dresser les lauriers de ce syndicat « paraît-il de droite, qui travaille bien et qui s’est dévoué pour faire de la distribution de colis alimentaire ».
Rien de très surprenant de la part d’une élue qui a recyclé l’ancien mégrétiste Damien Bariller et qui a fait citoyen d’honneur le chanteur préféré des nostalgiques de l’Algérie française, Jean-Pax Méfret. Maryse Joissains, candidate à sa propre succession, a peut-être lu le récent article de Valeurs Actuelles qui – à l’instar de La Provence – a fait état des distributions de l’Uni en interrogeant le responsable local, un certain Rémy Perrad. Ce dernier est loin d’être un inconnu pour Maryse Joissains puisqu’il est l’un de ses colistiers !
Certes, celui qui fait partie également de « Génération MJM » (« Les jeunes avec Maryse Joissains ») est en 50e position. Mais cela n’empêche pas ce jeune homme de le clamer haut et fort sur son profil professionnel LinkedIn où il pose avec un badge de l’Uni ! Un profil qui permet de connaître un peu mieux le parcours de cet « étudiant en troisième année de droit » qui s’intéresse à « l’actualité politique, économique et internationale ».
En effet, comme il le met en avant, s’il commence à avoir une petite carrière dans la grande distribution et fait partie du conseil d’administration d’Aix-Marseille Université, cet ancien scout a aussi fait en 2018 un stage de trois mois à la Région, « au cabinet du président Renaud Muselier », en particulier aux « affaires réservés du président ». Quelques années auparavant, il avait fait un autre stage à la « direction de la communication ».
De fait, cette proximité entre la droite et un syndicat étudiant né dans le sillage du SAC (le « service d’action civique », milice politique gaulliste) est loin d’être une surprise. Mais on trouvera toujours cocasse de voir les militants aixois de l’Uni poser non seulement avec la police municipale mais aussi avec Maryse Joissains ou… Renaud Muselier, comme on peut le voir sur le compte Facebook de Rémy Perrad, des pépites dont vous fait profiter le Ravi.
« C’était lors de la rentrée des Républicains, se souvient Rémy Perrad qui nous confirme que l’Uni a déposé plainte contre Gaëlle Lenfant. « Parce qu’elle nous a qualifié d’extrême droite et parce qu’elle a fait état d’un collage qui n’était pas de notre fait mais de Génération identitaire. Or, avec Génération identitaire, l’Action française ou le Bastion social, nous n’avons pas de très bons rapports. Notamment quand ils s’invitent sur les facs et nous considèrent comme ne valant pas mieux que l’Unef. Car on est de droite mais pas d’extrême droite, contrairement à ce que voudraient faire croire la gauche et l’extrême gauche. »
Même credo pour Sylvain Dijon, le directeur de campagne de Maryse Joissains : « Rémy Perrad est quelqu’un que j’ai appris à connaître. C’est un militant étudiant particulièrement investi. Après, il est vrai que le militantisme étudiant est un monde très clivé et clivant. Quand on est à gauche, on est très à gauche et quand on est à droite, on est très à droite. Mais ne caricaturons pas. Si l’Uni est un syndicat un peu conservateur, ce ne sont ni des racistes ni des fachos ! »
Il n’empêche. Malgré les dénégations, il n’est pas si rare que des militants de l’Uni flirtent avec la droite dure, voire extrême. Comme par exemple cette figure qu’est Anthony Mura. Qui, sur les réseaux sociaux, grenouille de l’Uni à l’Action française, en passant par le Front. Candidat aux dernières municipales à Marseille en 2014 dans le 1er secteur sur les listes FN, on le voit en photo lorsque des figures de l’Action française comme Jérémy Palmieri portaient en triomphe Stéphane Ravier le jour de son élection à la mairie des 13 et 14ème arrondissement.
Mais, en fouillant encore un peu sur le Facebook de Rémy Perrad, on notera une photo de fin 2019 qui interpelle : Perrad fait un selfie avec ses troupes pour soutenir leurs « camarades » de Saint-Etienne. Et, sur le cliché, on voit Nicolas Mastorchio, un autre militant de l’Uni (qui fait aussi la campagne de Joissains avec Perrad ), faire un geste qui fait polémique. Non, ce n’est pas une quenelle. Mais, main bien ouverte, il joint le pouce et l’index.
Un simple « ok » comme en plongée ? À moins que ce ne soit le même geste que Marine Le Pen faisait l’an dernier aux côtés d’un suprémaciste estonien et qui est un signe de ralliement à l’ultra droite. En effet, dans cette position, les doigts forment les lettres « WP ». Autrement dit « white power »… D’ailleurs, sur Facebook, un commentaire interpelle directement Nicolas Mastorchio en lui disant : « Tu forces ! » Son compte personnel brille par sa finesse, entre commentaires tournant autour des « bolcheviques » et des « fachos », sans oublier une photo souvenir d’une dédicace avec Éric Zemmour.
Interrogé, Rémy Perrad nous rétorque : « Vous surinterprétez. Le suprémacisme blanc, cela ne nous intéresse pas du tout. On vient d’ailleurs de ressortir une vieille campagne de l’Uni qui dit qu’être français, c’est un état d’esprit, pas une couleur de peau. Voilà d’ailleurs pourquoi on estime que les mobilisations en ce moment et le black power, cela ne fait qu’apporter de la division. Alors que ce que l’on prône, c’est l’union ». Uni-ted colors ? C’est beau comme une pub Benetton !