Elections : premières erreurs de casting

Et si dans son sketch sur le permis de conduire, Jean Yanne n’avait pas parlé que de routes ? « J’aime pas ça, les départementales ! J’y vais jamais ! C’est plein de boue, ça sent mauvais ! » Pourtant, en matière de sortie de route, ce scrutin, comme celui des régionales qui se tiendra au même moment, ne cesse, pour peu qu’on s’y penche un peu, d’étonner.
Prenez le canton de Berre-l’Étang qui, en 2015, avait été raflé par le Front National. Sauf que Jean-Marie Vérani, le conseiller sortant, est depuis passé de la famille Le Pen à la fédération LR des Bouches-du-Rhône. Las : la préfecture vient de confirmer au Ravi qu’elle a refusé d’enregistrer son binôme, du fait de l’inéligibilité de son suppléant, Arnaud Duverne ! Policier municipal, ce dernier est aussi réserviste de la gendarmerie nationale et ne peut donc se présenter à une élection locale ! Son adversaire du RN, Antoine Baudino, tombe des nues : « Je ne comprends pas comment on peut faire une telle erreur ! »
Zemmour forfait
Côté régionales aussi, il y a aussi quelques surprises. Et quelques couacs. Par exemple, l’ex-frontiste de Tarascon Valérie Laupies a décidé, avec une bonne partie du clan Bompard, de mener la liste « Zou ! », celle qui « débarrasse du système » et qui appelle de ses vœux une candidature du polémiste Éric Zemmour à la présidentielle de 2022 (cf le Ravi 196, « En Paca, Marianne nie »). Sauf que ce dernier, s’il a dit avoir de la « sympathie » pour l’initiative, a annoncé début mai : « Je ne suis pas à l’origine de cette liste, je ne la soutiens pas, je ne suis pas candidat et je ne fais pas campagne ! »
De quoi refroidir Didier Monnin, représentant varois du Parti de la France et du comité Jeanne qui était prêt, avec certains proches, de s’y investir. Il aura aussi peu apprécié de se voir proposer de passer du Var aux Alpes-Maritimes. Les 8 et 11 mai, il a donc averti par courrier Valérie Laupies que lui et près d’une vingtaine de personnes comptait se retirer des listes : trois dans les Bouches-du-Rhône, neuf dans le Var et six dans les Alpes-Maritimes dont la tête de liste pressentie ! Craignant que leur candidature ne soit maintenue, il a également alerté la préfecture.
Cette dernière n’a pas donné suite à notre sollicitation, expliquant que les listes définitives ne seront établies qu’à la fin du mois. De son côté, Valérie Laupies nous explique que ses listes ont bel et bien été déposées : « La semaine dernière, il y a une personne dans le Var que nous n’avons au final pas retenue qui a essayé de mettre la pagaille mais sans que cela n’aboutisse. J’ai bien reçu ses courriers mais je n’en ai pas tenu compte car tout est rentré dans l’ordre. D’ailleurs, il s’est fait recadrer par le président du Parti de la France, Thomas Joly que je connais bien. » Sur son compte Twitter, celui-ci apporte en effet son soutien à la candidate. Qui, sans se démonter, se dit « ravie » des déclarations de Zemmour sur sa liste. En clair, pour celle qui est aussi directrice d’école, les polémiques, zou !
Radicalement centre
Pas de doute, avec ce scrutin, on n’est pas au bout de nos surprises. Comme par exemple découvrir Emmanuelle Taupin sur la liste du « rassemblement écologique et social » (EELV-PS-PC) . Dans le civil, c’est la compagne d’Olivier Mayor, quatrième adjoint du maire très divers d’Istres François Bernardini. Membre du bureau national du Mouvement radical, il disait encore début mai son soutien « plein et entier » à son « ami Renaud Muselier ». Mais, quinze jours plus tard, il s’agace de ne voir aucun « candidat radical » investi. Sur sa page Facebook, celui qui est dans le civil huissier de justice pose entre Jean-Louis Borloo et Arlette Fructus. Sa compagne, elle, après avoir, quand on regarde l’historique de ses publications, beaucoup hésité sur quel camp rallier, affiche au final le portrait de Jean-Laurent Félizia, tête de liste EELV. Radical, non ?
Sollicités par le Ravi, Jean-Marie Vérani et Olivier Mayor ne nous ont pas recontactés.