Vivement le printemps !
Demi-saison
La gauche, condamnée à décevoir ? Reste à savoir jusqu’à quel point. Après vingt-cinq ans d’une gestion calamiteuse par Jean-Claude Gaudin, dont même une partie de la droite convient qu’il faudra faire « un droit d’inventaire », Marseille n’allait certes pas se transformer en paradis progressiste et écologiste en un claquement de doigts. Mais un an après le « switch » qui a amené Benoît Payan, homme politique de métier, socialiste, à remplacer Michèle Rubirola, médecin militante, écologiste, le ciel reste encore bien nuageux.
C’est pourtant indéniable : sur – presque – tous les tableaux, les ambitions de la nouvelle majorité et de son dynamique maire sont en rupture nette avec celles de la droite. Mais les moyens mis en œuvre pour les concrétiser posent question. Processus de décision opaque, vertical et centralisé autour d’un tout petit groupe d’hommes, défiance face aux contre-pouvoirs, stratégie électoraliste très « ancien monde », poursuite de relations toxiques avec le syndicat Force ouvrière…
Coalition inédite et bariolée, le Printemps marseillais promettait une ville « plus juste, plus verte, plus démocratique » : la transformation sur les deux premiers enjeux, qui sans surprise s’annonce longue et difficile, ne pourra jamais aboutir sans avancée sur le troisième, sans une réforme de la pratique du pouvoir. En politique, contrairement à l’adage, la fin est généralement dans les moyens. Pour changer la deuxième ville de France, le Printemps aurait besoin de plusieurs mandats. A gouverner Marseille trop à l’ancienne, Benoît Payan prend le risque de ne lui en offrir qu’un seul.