Ce qui avance
Le plan écoles
C’était un des piliers du programme du Printemps marseillais (PM) : lancer un grand plan de réhabilitation de l’ensemble des écoles marseillaises, en gestion directe plutôt que par un coûteux partenariat public-privé. Vu l’ampleur du chantier, seul l’État pouvait aider la ville à trouver les fonds nécessaires. Pas gagné d’avance : « C’est quand même la prime à ceux qui ne font pas leur boulot, s’est insurgé à l’Assemblée François Pupponi, député Modem et ex-maire PS de Sarcelles. Quand j’étais président de l’Anru, il y avait 20 millions d’euros budgétés pour l’école Félix Pyat, la ville de Marseille nous a rendu l’argent. Aujourd’hui, venir suppléer une commune… Faudrait pas que ça donne des envies à d’autres ! » Mais en faisant le siège d’Emmanuel Macron pendant de longs mois, Benoît Payan a réussi à débloquer la timbale : 650 millions d’euros d’emprunts garantis par l’État, donc soumis à des taux d’intérêt très compétitifs. Un point essentiel, alors que la ville est financièrement exsangue. Reste la mise en œuvre : la concertation avec les habitants, et la priorité donnée aux entreprises locales pour les chantiers.
La santé et l’hébergement d’urgence
Conséquence inattendue du retrait de Michèle Rubirola : l’ex-maire (EELV) a pu se consacrer à plein temps à son cœur de métier, la santé publique en direction des plus précaires. Et en premier lieu, pour les personnes sans-abris ou nécessitant un hébergement d’urgence. Alors que la municipalité Gaudin avait pendant vingt-cinq ans sous-évalué à quelques centaines seulement le nombre de sans-abris à Marseille, la nouvelle équipe du Printemps marseillais va organiser, en partenariat avec l’État, une première opération de recensement. Et des places supplémentaires ont d’ores et déjà été ouvertes pour des familles, des femmes isolées.
La charte du relogement
Après une première mouture qui n’avait pas convaincu les associations, la deuxième version de la charte du relogement a été signée le mois dernier par l’ensemble des acteurs, et ouvre notamment des droits aux expulsés qui ne possèdent pas de bail, situation fréquente dans les immeubles dégradés.
Une sensibilité environnementale
Le parc Valmer préservé, des jardins publics rouverts, une charte de la construction pour des immeubles plus aérés et économes en énergie. Le maire envoie des signaux verts, comme la Corniche réservée aux piétons une fois par mois – la manifestation n’a hélas pas été poursuivie au Nord, à l’Estaque, après l’été.
L’offre culturelle
Prise au sortir du premier confinement, la mesure a été pérennisée : les collections permanentes des musées municipaux sont désormais gratuites. Les expositions temporaires restent gratuites le premier dimanche de chaque mois. Et si la création d’une « maison du hip-hop » municipale n’est pas encore tranchée dans sa forme et son emplacement, le rap a enfin fait son entrée dans la politique culturelle municipale. Pour sa première édition, le festival Hip-hop non stop a organisé durant la fin de l’été 2021 autant de concerts et de spectacles que de tables rondes et de débats.
Les symboles
Gaudin refusait de le faire depuis vingt-cinq ans : la nouvelle majorité a enfin donné le nom d’Ibrahim Ali à la rue où ce jeune marseillais avait été abattu par des colleurs d’affiches du Front national. École Bugeaud, sanglant conquérant de l’Algérie, rebaptisée Ahmed-Litim, du nom d’un soldat algérien mort en libérant Marseille, rachat du Mc Donald’s de Sainte-Marthe devenu l’Après M, soutien affiché aux ONG venant en aide aux migrants et signature d’un programme d’accueil des réfugiés avec l’Etat : Benoît Payan accumule les actions symboliques en direction de son électorat de gauche.
Énerver la droite
Sans le faire exprès – c’est toute la beauté du geste – la majorité de Benoît Payan pousse la droite marseillaise à montrer son plus joli visage : indolente, méprisante, misogyne et même, dans certains cas, carrément raciste. Voir les élus LR et affiliés affirmer qu’à Marseille « dans plusieurs quartiers, c’est propre » après une semaine de grève des poubelles et une journée de pluies diluviennes qui ont entraîné les déchets dans la mer, ça n’a pas de prix. Tout comme en entendre un autre s’insurger « qu’une personne de couleur m’a traité de fasciste » après une passe d’armes avec un élu PM. Ou un dernier envoyer balader une élue qui lui rappelait ses promesses d’un « vous m’avez cru parce que vous êtes une nouvelle élue… ». La droite, au moins, ne déçoit jamais !