Martine en grand ?
Martine Vassal a-t-elle misé sur le bon cheval ? En soutenant Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, l’ancienne secrétaire départementale des LR 13 s’est évitée d’avoir à endosser et assumer les 4,78 % de Valérie Pécresse. Ou, pire, les 3,59 % de la candidate Les Républicains dans le « 13 » ! Mais la présidente de la métropole Aix Marseille Provence et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône (« CD 13 ») a aussi fait un pari risqué sur l’avenir : obtenir le soutien de l’État pour ses collectivités.
En priorité pour les projets de « Marseille en grand ». Lancé en septembre dernier par le président de la République et signé deux mois plus tard par Jean Castex, son premier ministre, et Benoît Payan, le maire PS de Marseille, ce plan promet plusieurs milliards d’euros d’aides de l’État à la deuxième ville de France, en subventions et avances remboursables. S’il a beaucoup été question du bâti scolaire, il concerne six autres domaines, dont l’habitat et les transports, des compétences métropolitaines. « Je ne pense pas que son soutien peut avoir beaucoup d’influence sur le plan, mais comme la métropole est concernée Martine Vassal aura son mot à dire sur l’orientation des crédits comme sur la mise en place de la réforme métropolitaine (développement territorial, fusion métropole-département…) », estime Bruno Gilles, l’ancien patron des Républicains des Bouches-du-Rhône devenu référent pour Marseille d’Horizons, le parti de l’ancien premier ministre Édouard Philippe.
Maire ex-LR des 9ème et 10ème arrondissements et vice-président du département, Lionel Royer-Perreaut voit même un peu plus grand pour sa présidente. « Pour moi, il n’y a pas d’intention du gouvernement de lier ce soutien à des considérations politiciennes », soutient le candidat à la députation. Tout en prévenant : « L’investissement de l’État pour Marseille est important. Nous devons le pérenniser, mais aussi l’infléchir pour que les aides soient aussi orientées pour les quartiers Sud et Est. »
Six mois après la signature, un exemple montre déjà que l’ancienne candidate à la mairie de Marseille a l’intention de peser et de ne pas laisser le Printemps marseillais dérouler son programme. Alors que la feuille de route de « Marseille en grand » acte le désenclavement des quartiers Nord, Martine Vassal a décidé de lancer en priorité le tramway entre la rue de Rome et la plage des Catalans, dans le centre de la ville et des arrondissements historiquement plus favorables à la droite marseillaise. Un choix qui a eu le don d’exaspérer la nouvelle majorité. « Il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la ville et l’État sur le plan. Peut-être que depuis qu’elle soutient le président Martine Vassal y adhère et ambitionne de travailler dans l’intérêt de tous les Marseillais », cingle Laurent Lhardit, l’adjoint à l’économie de Benoît Payan.
« Orienter les aides de l’État vers les quartiers Sud et Est »
Le socialiste estime surtout que l’ancienne LR n’a plus les moyens politiques de ses ambitions. « Son avenir politique est incertain. Elle a une majorité abîmée à la métropole et en assumant le bilan de Jean-Claude Gaudin elle en a fait le sien, alors même que l’électorat bourgeois de Marseille n’est plus le même », poursuit Laurent Lhardit. Et d’enfoncer le clou : « Emmanuel Macron a plus besoin de ceux qui votent pour lui au second tour ! » Si du côté de la Rem on est toujours conciliant, on attend aussi des preuves d’amour. « Avec “Marseille en grand”, l’État a la volonté d’un équilibre entre la mairie et la métropole, mais il y a aussi d’autres enjeux comme donner une majorité au président de la République, rappelle Bertrand Mas-Fraissinet, ex-PS et référent LREM dans les Bouches-du-Rhône. Martine Vassal pourrait estimer avoir un rôle à jouer et mettre plus de poids. »
Le peut-elle ? Ses majorités sont hétéroclites (de LR à la gauche en passant par la Rem) et si la présidente de la métropole a désigné les candidats LR avant son ralliement à Emmanuel Macron, peu sont vraiment des proches. Pire, parmi ces derniers certains sont désormais en concurrence, comme dans la 6ème circonscription de Marseille. Une situation qui pourrait la couper de tout relai à l’Assemblée nationale et d’autant plus délicate que ses anciens camarades ne semblent pas prêts à lui faire de cadeau. « Il n’y a pas d’animosité, mais elle a fait son choix et son attitude a été indélicate sur les investitures », regrette Ludovic Perney, secrétaire départemental adjoint des LR13. Désormais, le jeune vice-président du Conseil régional souhaite « reconstruire autour d’un nouveau projet, d’une nouvelle méthode et des jeunes », mais aussi « de femmes et d’hommes qui veulent s’investir et qui sont fiables ». Une catégorie dans laquelle ne semble plus entrer Martine Vassal.
Reste que la présidente du département détient encore un atout maître : ses deux collectivités et leurs budgets, notamment l’aide aux communes du « CD 13 ». Une arme dont a usé son prédécesseur, le sulfureux Jean-Noël Guérini, qui vaut toujours à Martine Vassal de nombreux amis dans les Bouches-du-Rhône (cf le Ravi n°181). Y compris dans la majorité présidentielle.