Martine règne chez les LR
Certains pourraient en douter, mais le logo des Républicains est bien présent sur les affiches de Martine Vassal, la candidate LR à la mairie de Marseille. En bas, à droite, évidemment. Mais sa taille est inversement proportionnelle aux efforts déployés par la présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la métropole pour l’obtenir.
En plus d’un gros lobbying parisien, il y a en particulier une liste de soutien longue comme le bras publiée dans le JDD début novembre. Une initiative lancée une quinzaine de jours avant que la commission nationale d’investiture des LR – qui devait choisir entre la secrétaire départementale des LR13 et son président, le sénateur de Marseille Bruno Gilles, lui aussi candidat à la succession de Jean-Claude Gaudin -, ne lâche la fumée blanche. Une liste dans laquelle se trouvaient quatre des cinq maires de secteur LR de Marseille, la plupart des parlementaires Républicains des Bouches-du-Rhône, des personnalités de la société civile et de nombreux maires du département, de droite comme de gauche.
Mais aussi quelques noms sulfureux, comme celui de François Bernardini, maire très divers d’Istres, un élu qui a les honneurs du parquet national financier, notamment pour de détournement de fonds publics, ou des présidents de structures ou d’événements largement financées par le CD 13. « Je vois que ce qu’on a beaucoup reproché à Guérini reste utile, s’amuse un maire de gauche. Mais ce qui m’a le plus choqué dans cette lettre, ce n’est pas que ces élus considèrent qu’elle fait le job, c’est de faire signer pour une élection à Marseille des gens qui ne sont pas marseillais : des réseaux économiques, culturels, juste pour faire du monde. » Encore un qui voit le mal partout.
« Vassal force le respect »
A la manière d’un Jean-Noël Guérini en son temps avec le puissant PS 13, Martine Vassal se serait appuyée sur le Département pour mettre la main sur la fédération LR de la rue Sainte-Cécile ? « Je ne suis pas d’accord avec la comparaison, s’indigne Bernard Deflesselles, député LR d’Aubagne. Martine Vassal n’est pas Jean-Noël Guérini, elle force le respect par ce qu’elle a fait, gagner ce Conseil départemental acquis à la gauche depuis un siècle. Ça a amplifié sa victoire. » « Le CD 13 est au pas, aucune résistance n’est possible », assure pourtant un maire du Pays d’Arles.
Une mainmise d’autant plus grande que Bruno Gilles a quitté les LR dans la foulée de l’investiture de Martine Vassal. « Les élus ont basculé dans le camp de Martine Vassal, le parti est pour elle, assure une militante. Mais [la décision] de Bruno Gilles n’a pas fait que du bien. Il avait une certaine popularité chez nous, il y a eu des cartes déchirées parce que les gens ne comprennent pas la division. » D’autres en ont profité pour s’en éloigner. Né en 1995, « de la génération Chirac-Gaudin », comme il le dit lui-même, Ludovic Perney est le responsable des Jeunes LR des Bouches-du-Rhône. Il a choisi Bruno Gilles et est sa tête de liste dans les « 6/8 ». « J’ai mis pendant de nombreuses années beaucoup d’énergie et de passion dans le parti, mais j’ai aussi pu voir quelles en sont les pratiques et les méthodes, c’est ça que l’on veut changer », assure le jeune avocat. Comme son candidat, il parle aujourd’hui « participatif », « dépassement des idéologies et des clivages partisans ».
Une certitude, depuis la fin de l’année, le parti tourne aussi au ralenti. « Il y a les commissions d’investiture, mais on ne fait plus les réunions mensuelles », reconnaît Jean-Marc Perrin, président du groupe LR au département et candidat à Aix-en-Provence face à Maryse Joissains, la maire LR sortante et soutenue par Martine Vassal. Il explique cette situation par la place prise par la campagne.
Ça n’est peut-être pas la seule raison. Martine Vassal elle-même s’est affranchie des LR après sont élection à la tête du Conseil départemental. Dès 2016, elle a créé son micro-parti, « les amis de Martine Vassal », une structure sur laquelle elle s’appuie largement pour les municipales. Mais la même année, elle s’est faite élire secrétaire départementale des LR. Il ne faut jamais insulter l’avenir.