Des Insoumis très dissipés
Souvent avec des listes citoyennes, parfois avec le PCF (Nice), le NPA (Avignon) ou nulle part (Toulon et La Seyne-sur-Mer). Depuis sa décision de ne pas présenter de liste aux municipales au lendemain de la claque des européennes, la stratégie de la FI paraît un peu gazeuse pour le scrutin des 15 et 22 mars prochains.
Parfois jusqu’à la caricature. Comme à Marseille, où ses militants se retrouvent autant dans le Printemps Marseillais que chez Debout Marseille, les deux listes principales de gauche. « Deux dynamiques pas radicales, avec deux têtes EELV, qui viennent de la même motion, et qui présentent à peu près le même rassemblement », résume Hendrick Davi, un des animateurs de la FI locale, candidat aux législatives de 2017 à Marseille mais qui ne sera cette fois d’aucune des deux aventures. Une élection dans laquelle Jean-Luc Mélenchon, pourtant député de Marseille, a refusé de s’impliquer. « S’il avait dit ce qu’il pensait, tout le monde lui serait tombé dessus », souffle le chercheur en écologie. Sa tentative de médiation a d’ailleurs été loin d’être une réussite.
« C’est très chaotique »
La situation du mouvement n’alarme cependant pas. « Toutes les configurations existent, comme pour d’autres partis, EELV notamment, juge Henrick Davi. C’est globalement très chaotique parce que c’est les municipales, mais aussi parce qu’il y a un problème aujourd’hui à gauche. » « On soutient, on participe ou on porte les collectifs et dynamiques citoyennes et municipalistes », précise Léo Walter, un des animateurs des Insoumis des Alpes-de-Haute-Provence (150 militants actifs revendiqués, trois fois plus au moment de la présidentielle et des législatives). Ainsi, dans l’ancien fief de Christophe Castaner, l’inénarrable ministre de l’Intérieur, les Insoumis locaux participent à la liste citoyenne « Forcalquier en commun » (le Ravi n°180) alors qu’à Manosque, dans une logique d’alliance de partis, les militants sont plus en retrait. Autre configuration : à Dignes-les-Bains, où ils ont été moteurs, ils présentent huit candidats sur une liste citoyenne de 35 noms, dont la troisième place.
L’enseignant se représente lui à Niozelle, 275 habitants, dans le pays de Forcalquier. « En résonance et dans la logique de l’Avenir en commun [le programme fondateur de la FI, Ndlr], plus que d’avoir des élus, ou de grenouiller sur des listes d’union, la volonté c’est de redonner le pouvoir aux citoyens. [Mais] aussi de s’investir où l’on vit, explique-t-il. On est donc dans plein de luttes sur le territoire. Et moi, au sein de mon conseil municipal, je peux aussi faire avancer des dossiers sur l’école ou la culture, porter des motions contre Linky ou le Ceta. »
Reste que la stratégie du mouvement, « c’est de prendre le pouvoir par le haut », rappelle Léo Walter. Et de reconnaître que l’écartèlement entre le national et le local est « complexe et parfois fatiguant ». D’autant plus que comme dans les manifs, l’étendard est loin d’être toujours affiché sur les listes et les affiches électorales. Un paradoxe pour un mouvement jeune, en manque de moyens et en perte de vitesse.