"Je suis le seul à avoir signé la charte Anticor !"
Passer de 2 % à la présidentielle à 18 élus aux législatives, grâce à un accord avec le PS, est-ce juste ?
La présidentielle est une désignation monarchique. Les petits candidats y sont écrasés. Depuis le général de Gaulle, le peuple est invité à élire son roi ou sa reine sans regarder le fond du projet. François Hollande a très bien joué là-dessus. Tant mieux car il a été élu ! Nous avons travaillé très en amont notre contrat de mandature avec le PS qui nous a permis d’avoir aujourd’hui ces 18 députés et un groupe politique. C’est mérité !
Ne craignez-vous pas que le PS vous marginalise comme, en 1981, il avait su le faire avec les communistes ?
Il y a toujours des risques dans la vie. Pour nous, il n’y a pas que la crise financière, il y a aussi la crise écologique, celle liée à la finitude de la planète. Notre point fort c’est cette vision à long terme. Je vais être dur et clair : les communistes reculent avec tout juste 10 députés et cela aurait été pire sans le tribun Mélenchon qu’ils se sont empressés d’assassiner. Ils n’ont pas changé leur logiciel productiviste pour l’adapter au 21ème siècle.
Regrettez-vous que Mélenchon n’ait pas gagné son pari contre Marine Le Pen ?
Pourquoi le regretter ? Je suis très content qu’un socialiste ait gagné la circonscription d’Hénin Beaumont.
Nicolas Hulot, que vous préfériez à Eva Joly pour la présidentielle, a pourtant voté Mélenchon.
Parfois, il y a des choses qui me dépassent.
Auriez-vous aimé que François Bayrou siège à vos côtés ?
Là oui, c’est différent. Il doit y avoir une représentation de ce centre qui a apporté son soutien à François Hollande.
Alain Vidalies, le ministre PS des Relations avec le parlement, a déclaré que « les écologistes n’auront pas la liberté de vote à l’Assemblée ». Cela commence mal ?
Nous lui avons envoyé le contrat de mandature Verts-Ps. On a couché sur le papier nos points d’accord. Mais nous exprimerons aussi nos divergences en toute liberté.
Nicole Brick, nommé au ministère de l’Ecologie, a aussitôt été débarquée après avoir refusé d’autoriser le forage en eau profonde en Guyane. Cela démarre mal !
C’est une erreur lourde que nous dénonçons. Ce n’est pas un signal fort pour une nécessaire trRiansition énergétique.
Êtes-vous inquiet concernant les promesses de renoncer au gaz de schiste ?
Je n’exprime pas d’inquiétude mais une exigence, celle qu’on évacue rapidement ce dossier. Nos partenaires socialistes cherchent à ménager la chèvre – les multinationales – et le chou. Laissons leur un peu de mais pas trop. Sinon la chèvre mangera le chou et, avec lui, les territoires qui seraient victimes du gaz de schiste qui n’apporterait rien à l’économie française.
François Hollande a peu promis concernant l’écologie. Comment comptez-vous le convertir ?
Il a été transparent. Il n’a pas surjoué l’écologie comme avait pu le faire Sarkozy 2007 avant de remettre en cause ses engagements tout au long de son mandat. A nous d’être force de proposition et en capacité d’orienter les décisions de l’exécutif.
Vous avez gagné à l’issue d’une triangulaire. Si on additionne les voix du sortant, un élu de la droite extrême, et ceux de l’extrême droite, vous êtes minoritaire !
Oui les mathématiques disent ça. Si le Front national est ici à un niveau aussi élevé, la responsabilité du député sortant est engagée. J’ai obtenu le soutien de quasiment tous les maires et conseillers généraux. Je vais opérer un virage à 180 degrés en me mettant au service des élus locaux. Ma proximité ce ne sera pas des portraits de 2 mètres sur 4 sous les ponts d’autoroute.
Chercherez-vous à répondre à l’obsession sécuritaire qu’exprime l’extrême-droite ?
Les électeurs du FN en se plaignant de l’insécurité ont surtout peur de leur avenir et de celui de leurs enfants. Cela fait trente ans, et cela s’accélère, qu’on annonce la pire des crises, la fin d’un monde, un effondrement de la qualité de vie. La tentation est de s’accrocher à une réponse basique : « Il suffit de revenir au franc et tout sera comme avant. »
Réclamez-vous la fermeture dominicale de la zone commerciale de Plan-de-Campagne ?
Il faut revenir sur la méthode qui a conduit à ouvrir Plan-de-Campagne le dimanche mais je veux toujours travailler dans la concertation. On a éteint la voix de ceux qui s’opposaient à ce choix et surjoué celle de ceux qui disaient « cela va créer de l’emploi ».
Faut-il remettre, oui ou non, cette zone dans le droit commun ?
Je suis pour la fermeture le dimanche mais il y a un équilibre économique et une loi en place. Je ne vais pas légiférer d’un seul coup pour tout fermer avec une prise de risque.
A Gardanne, des menaces pèsent sur l’avenir de l’usine d’Alumine. Que pouvez-vous faire ?
La 1ère chose que j’ai faite à Paris c’est d’obtenir le numéro du conseiller spécial en charge du dossier de l’usine Pechiney auprès d’Arnaud Montebourg.
Vous êtes plus redressement productif que décroissance ?
Je dis oui à un redressement productif dans le cadre d’un développement durable où l’on prend bien en compte tous les enjeux environnementaux. Je veux mettre tout le monde autour de la table et défendre un projet économiquement solide, socialement positif, créateur d’emplois en impactant le moins possible les riverains et l’environnement.
Comment tenir votre engagement de faire de la politique autrement ?
Je suis le seul député dans les Bouches-du-Rhône à avoir signé la charte « Anticor » [Ndlr : contre la corruption, le cumul des mandats]. Je plaide pour la transparence des fonds qui transitent par un député. Aujourd’hui, nous sommes encore incapables de savoir le montant des fonds distribués par Richard Mallié, alors 1er questeur de l’Assemblée nationale.
Seriez-vous pour diminuer le salaire des députés ?
Je suis surtout pour examiner de près et reprendre tous les nombreux avantages liés à la fonction comme ceux concernant la retraite.
Jean-Noël Guérini doit-il démissionner de ses fonctions au Conseil général ?
Je défends une justice indépendante, impartiale. C’est à elle de déterminer les responsabilités. Mais la mise en examen du président du Conseil général peut porter tort à l’institution. Alors oui, il devrait démissionner.
Pensez-vous indispensable que les socialistes des Bouches-du-Rhône rénovent leurs pratiques pour pouvoir travailler avec eux ?
Le PS a engagé cette rénovation. Je travaille déjà en bonne entente avec beaucoup d’entre eux. Des élus comme Sylvie Andrieux desservent cette marche en avant qu’incarne l’arrivée d’un Jean-Pierre Mignard ou d’un Olivier Ferrand [Ndlr : il est décédé après cet entretien]. Le succès d’une Marie-Arlette Carlotti montre que l’on peut avancer. Pour sortir Marseille, en 2014, du système de Gaudin, il faudra construire une gauche multicolore et rénovée.
Et à Gardanne en 2014, le renouveau c’est vous ?
Je ne compare pas Roger Meï [le maire PCF] à Fidel Castro, loin de là, mais ses quelques fidèles abordent l’avenir à reculons. Ils ont oublié que la mine a fermé et qu’il faut renouveler la façon de développer l’économie et l’urbain. Mais il est hors de question, par respect du non cumul des mandats, que je demande à être le maire de Gardanne. Je ne suis pas l’homme providentiel.