« Je suis un bulldozer : rien ne m’arrêtera ! »
Qu’est ce qui vous séduit chez Emmanuel Macron ?
Le mot est peut-être un peu fort ! Mais d’abord, je veux souligner qu’en appelant à voter pour lui, je reste dans ma logique, celle d’un centriste qui avait soutenu Bayrou en 2007 et en 2012. Emmanuel Macron, un homme « ni de gauche, ni de droite », reprend le discours de Borloo qui disait qu’il faudrait un jour que « la famille centriste et la gauche se rassemblent ». Et puis il propose de relancer l’économie.
Mais tous les candidats veulent relancer l’économie !
Je ne vais pas détailler tout son programme, ce serait trop long. Il y a, par exemple, une mesure qui me paraît très intéressante : la suppression de la taxe d’habitation (Macron promet plutôt d’en exonérer 80 % des Français. Ndlr). Il s’agit d’un impôt parfois très difficile à gérer pour les gens qui n’ont pas les moyens.
Macron pourrait donc surmonter, selon vous, la malédiction du Centre sans cesse marginalisé en France ?
Seul Valérie Giscard d’Estaing avait en effet réussi à se faire élire. Le centre, c’est pourtant une force d’apaisement indispensable, une véritable philosophie politique.
Qu’est qui aurait changé dans la perception des Français vis à vis du Centre ?
Les affaires ont eu un effet néfaste sur l’électorat. François Fillon est passé en quelques semaines de 26 % dans les sondages à moins de 19 %. C’est logique que les gens essaient de trouver quelque chose qui puisse changer. Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République on va peut-être retrouver au second tour le Front national face à « En marche ! », qui n’est pas un parti politique mais un mouvement. La gauche et la droite risquent d’être éliminées au premier tour. Ça prouve le désarroi dans lequel se trouvent les électeurs. D’ailleurs près de 40 % ne savent toujours pas pour qui voter, ni s’ils iront voter.
A Marseille, le Front national risque à nouveau de faire des scores très importants. Qu’en pensez-vous ?
C’est incroyable ! J’ai été un des rares élus, aux dernières élections législatives, à avoir appelé à voter pour la candidate de gauche, Sylvie Andrieux (alors députée PS, aujourd’hui condamnée à 1 an de prison ferme pour « détournements de fonds publics ». Ndlr) qui était bien placée à ce moment-là contre Stéphane Ravier (le leader local du FN désormais sénateur-maire au nord de Marseille. Ndlr). J’ai pris mes responsabilités.
Dans l’hypothèse d’un second tour Fillon-Le Pen appelleriez vous à voter pour François Fillon ?
Oui.
Qu’est-ce qui vous a détourné du candidat Républicain, alors que vous siégez toujours dans des majorités LR à la mairie de Marseille et au conseil départemental des Bouches-du-Rhône ?
La droitisation de François Fillon m’exaspère. Le dernier exemple c’est lorsque Charles Millon a rejoint son équipe, quelqu’un qui a négocié avec le Front national pour les régionales (en 1998, Ndlr), vous vous en rappelez ?
Mais Jean-Claude Gaudin a fait exactement la même chose que Millon, en 1986, en s’emparant de la région Paca avec le soutien de l’extrême droite !
Depuis que je suis avec Jean-Claude Gaudin, jamais il n’a laissé le moindre espace au FN. J’ai beaucoup d’admiration et de considération à l’égard du maire de Marseille qui fait un travail formidable pour sa ville !
Comment qualifiez vous le ralliement à François Fillon de l’UDI, votre ancien parti dirigée par Jean-Christophe Lagarde ?
Grâce à ce ralliement l’UDI devrait obtenir 92 candidats aux législatives au lieu de 72. Donc, la négociation a été surtout de nature « alimentaire ».
Vous avez pris seulement « congé » de l’UDI. Après les législatives, cela veut-il dire que vous allez revenir dans la maison mère ?
Il y a parfois des congés qui durent ad vitam æternam…
Vous voilà vous-même, à 73 ans, en course pour les législatives dans la 5ème circonscription de Marseille…
Non, je n’ai pas dit ça. Ma priorité c’est la présidentielle. Après on verra.
Comment ça ? Vous avez pourtant multiplié les déclarations dans la presse …
Je suis en effet depuis longtemps candidat à la candidature. Là-dessus, j’ai pris acte d’aider Emmanuel Macron. Il prendra les dispositions pour désigner les candidats aux législatives et, à ce moment-là, nous verrons ensemble.
Pensez-vous être mieux placé qu’Yves Moraine, le candidat LR adoubé par Gaudin, pour gagner la circonscription détenue par la députée socialiste sortante, Marie-Arlette Carlotti ?
Yves Moraine n’a jamais gagné une élection en son nom. Je sais qu’un sondage a été fait par la mairie et n’est pas diffusé. Je crois savoir que je suis très bien placé, mieux placé que le maire de Bagatelle (Yves Moraine, maire des 6 et 8ème arrondissements. Ndlr). Si tel n’était pas le cas, il y a longtemps que l’on m’aurait appelé pour me dire : regarde un peu, tu as vu où tu es ? Tu vas pas nous emmerder !
Bruno Gilles, qui préside LR dans le 13, a eu des mots violents à votre égard. Je le cite dans le texte : « s’il ne se sent pas bien avec nous, il s’en fait greffer une belle paire et il vient nous dire qu’il quitte la majorité et ses délégations. » Réaction ?
Même si on me dit que je ne serai plus dans la majorité, je voterai toujours à bulletin ouvert pour les délibérations de Jean-Claude Gaudin et je soutiendrai avec force et puissance Martine Vassal, une très grande présidente (LR) du département pour laquelle j’ai beaucoup d’admiration.
Pourquoi envisager de devenir député alors que beaucoup semblent penser que le pouvoir n’est plus au Parlement ?
Si j’avais – on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie – la chance d’être député, j’axerais surtout mon rôle sur les gens de ma circonscription. J’essayerais d’y promouvoir des grands travaux, la construction de logements. J’ai envie notamment de me battre pour les animaux.
Vous êtes sérieux ?
Oui parce que je considère que c’est un message important qu’il faut faire passer. Les personnes âgées ont des animaux. Il faut aider la SPA.
Avez-vous assez de pugnacité pour emporter une élection ?
Si j’ai gagné les cantonales à trois reprises dans des endroits différents, dans des secteurs qui n’étaient pas de droite, c’est que j’avais quand même quelques qualités de terrain. Et vous savez, si je pars à une élection, je suis un bulldozer. Rien ne m’arrêtera.
En Marche dans le « 13 », ne va-t-il pas finir par ressembler à une ambulance pour tous les dissidents en manque d’investitures ? Vous-même, le Divers droite Robert Assante, Christophe Masse au PS, Karim Zéribi, ancien EELV mis en examen, des proches de Jean-Noël Guérini…
Écoutez, parce que certains ont été guérinistes (Jean-Noël Guérini, ex président PS du CD 13 mis en examen pour association de malfaiteurs. Ndlr) cela veut-il dire qu’ils n’ont plus le droit de subsister, de faire de la politique ? Moi, ça ne me gêne pas si les personnes ont une certaine probité. L’honnêteté, c’est important. J’ai toujours été un homme honnête.
Propos recueillis par Michel Gairaud, Rafi Hamal et mis en forme par Maëva Gardet-Pizzo