« Vous aurez la priorité pour la vaccination »

17:49
Jeans moulants et chaussures astiquées, le jeune Fabien Andraud (Ensemble pour le Puy, DVD) quitte son conciliabule avec sa colistière Frédérique Reynaud et se penche sur le sol de l’esplanade de la salle des fêtes Louis Philibert, où se déroulent les conseils municipaux de la bourgade du Pays d’Aix. Quelques dalles se soulèvent et semblent l’inquiéter.
17:56
Après avoir papoté avec le grand reporter du Ravi, Jean-David Ciot, maire PS depuis 2008 et député de la circonscription de 2012 à 2017, accueille son opposition.
18:05
Les amabilités traînent. La majorité patiente dans la salle des fêtes où les règles de distanciation sociale sont appliquées à la lettre : il y a un élu par table de banquet. le Ravi, seul représentant des médias et du public, se retrouve à plus de 20 mètres du maire et entouré de six chaises vides. Aussi désolant que l’unique décoration de la salle : une photo de moutons broutant au pied d’une ruine provençale.
18:08
Mèche poivre et sel, petites lunettes discrètes, chemise bleu ciel ouverte et pantalon noir, Jean-David Ciot s’impatiente. En l’attendant, son assemblée s’est dissipée. « On commence ou bien ? », interpelle l’ancien premier fédéral du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône et ex collaborateur du sulfureux Jean-Noël Guérini au Conseil départemental. Sa première adjointe rejoint sa place en trottinant.
18:15
Jean-David Ciot et sa mèche désignent Maylis Carbonnel comme secrétaire de séance, seul élu à ne pas porter son masque, et attaque un ordre du jour famélique de huit délibérations. Les deux premières concernent la répartition des participations financières (largement à la charge des promoteurs) et le transfert de maîtrise d’ouvrage pour les travaux d’équipements publics (voiries, réseaux) de deux projets urbains partenariaux. Le maire prend le temps d’expliquer les enjeux, les montants… Son opposition opine de la tête et prend des notes, consciencieuse.
18:17
La droite n’est plus ce qu’elle était ! Le vote d’une garantie d’emprunt de la commune au profit d’un bailleur social pour l’acquisition de logements sociaux la laisse de marbre. Unanimité.
18:19
Jean-David Ciot annonce qu’il discute avec son voisin de Pertuis, le LR Roger Pellenc, pour l’acquisition d’un bout de parcelle. Un curieux personnage embarqué dans un méga projet de zone d’activité (Cf le reportage dessiné dans le Ravi n°195) et qui mélange volontiers ses activités de maire et d’entrepreneur. « Roger Pellenc avais promis qu’il nous ferait don du terrain, mais j’ai préféré mettre un prix maximal », précise l’ancien député. On n’est jamais trop prudent…
18:22
Délibération 7, « dénomination de voies ». Jean-David Ciot, qui n’a pas lâché le micro, se confond en excuses, comme un gamin pris les doigts dans le pot de Nutella©. Son opposition n’a pas été associée au travail préparatoire. « Je suis désolé ! Je pensais que ça avait été le cas, se défend-t-il. D’ici le prochain conseil, on travaillera en commission pour trouver des noms qui conviennent à tout le monde. » Les intéressés continuent de prendre des notes.
18:28
Parc Gallo-Romain, rue Olympe de Gouges ou Simone de Beauvoir, contre-allée Lucie Aubrac ou Louise Michel, place des Coquelicots, place des Confiseries, place de la Liberté ou Marie Curie, rue Rosa Parks ou Simone Veil, traverse Jean Daniel… L’avocat, qui est également producteur de pivoines à ses heures perdues, est lancé dans l’énumération des propositions de dénominations de sa majorité, avec précision des lieux pour chaque cas. Un exercice digne du Guinness ! Le maire met un seul veto, à « l’allée Turnie », en plein centre du village. « Je n’en donnerai pas publiquement les raisons », s’excuse-t-il. D’après plusieurs sources, « Turnie » était prostituée au village. Une belle occasion manquée de « féminisation des voies », comme le proposait pourtant Jean-David Ciot.
18:33
Dénominations suite, et première intervention de l’opposition ! « Le canal de Peyrol existe depuis le 19ème siècle », précise Frédérique Reynaud pour Ensemble pour Le Puy, qui vit son premier mandat, comme les autres élus de droite et du centre. Les sortants ont préféré se retirer de la vie politique.
18:44
A croire que le socialiste prend plaisir à étirer la séance. Avec la même application que pour les dénominations de voies, Jean-David Ciot détaille la liste de la deuxième charrette des associations soutenues par la commune. Et de sourire sur le dernier cas : « Les fondateurs de “Laser run”, une nouvelle association très prisée des jeunes, sont venus me voir il y a deux ans pour obtenir un local, en me promettant qu’ils ne demanderaient rien de plus. Je les ai reçus pour leur rappeler leur engagement. Mais on les aide parce qu’ils sont là à chaque manifestation. » Pas rancunier.
18:46
Curieux. Plus le masque de Jérôme Bourdarel, conseiller municipal à la sécurité, tombe, plus celui de Maylis Carbonnel remonte. L’élue à la petite enfance le porte désormais sous le menton.
18:49
Sandrine Martin, de la liste Union citoyenne du Puy (DVC), s’inquiète : « Le comité des fêtes n’a rien dépensé en 2020 et la commune leur reverse 25 000 euros ? C’est énorme. » Rappel de Bruno Rua, élu aux cérémonies, pour la première intervention d’un membre de la majorité : « Avant ils avaient 35 000 euros. » Le maire et sa mèche s’expliquent : « On leur versera en fonction des événements, mais ils avaient des engagements qu’ils ont dû honorer et n’ont donc pas conservé beaucoup de trésorerie. » Dont acte et unanimité.
18:50
Questions diverses. La première, annoncée par Jean-David Ciot himself, porte sur l’organisation des élections départementales et régionales. « Il y a dix bureaux de vote dans lesquels il faut des présidents et vice-présidents, faites-vous connaître auprès de l’administration », encourage l’ancien député. Avant de tendre une carotte : « Vous serez pris en priorité pour la vaccination. » La promesse ne soulève pas les foules…
18:52
Timide et hésitant, Fabien Andraud se lance pour « deux questions » : les prochaines étapes du projet de la majorité pour les écoles et la possibilité de faire intervenir la police municipale pour réguler la vitesse sur l’avenue du Cours, dans le centre de la bourgade, où les poids lourds et voitures jouent aux coureurs automobiles. Des problèmes de la taille du Puy…
18:59
Comme depuis le début de la séance, Jean-David Ciot prend le temps de tout préciser, d’une voix toujours égale : raisons du projet scolaire, différentes étapes parcourues, celles à venir, période de présentation des propositions, phasage des travaux… Mais trop de pédagogie tue la pédagogie. Son intervention sur les problèmes de sécurité routière – « un fléau » contre lequel il « n’a pas de baguette magique » – a raison de ses élus : Jérôme Bourdarel a calé sa tête entre ses mains et Frédérique Reynaud s’enfonce de plus en plus dans sa chaise.
19:03
La conseillère d’opposition se redresse et interpelle le maire sur l’avancée de la halle de producteurs et sur l’intérêt de ces derniers pour le projet. Une nouvelle fois, l’ancien débuté est intarissable sur les objectifs de cet aménagement qui comprend également un jardin public, un espace de coworking et un futur resto, sa configuration, son avancée. Ne manquent que les noms des maraîchers !
19:08
Le masque de Maelys Carbonnel est désormais sur son nez. Visiblement déçu qu’il n’y ait pas « d’autres questions », Jean-David Ciot décide de donner des nouvelles des travaux du stade de foot.
19:13
« Voilà ce que je voulais vous dire », s’arrête finalement le socialiste, visiblement à cours de sujet.
19:20
Bien que levée, la séance se poursuit sur le parvis de la salle des fêtes entre Jean-David Ciot et son opposition. A l’intérieur, quelques élus rangent tables et chaises. Comme après la fête du village.
De haut en bas, dessinés par Trax : Jean-David Ciot, le maire (PS) ; Frédérique Reynaud (divers droite), conseillère municipale d’opposition ; Sandrine Martin, conseillère municipale d’opposition (divers gauche).