J'ai testé pour vous : se faire raser le crâne chez Eric Zemmour
Au Ravi, sans être rasoir, on aime bien couper les cheveux en quatre et tout ce qui est « capillotracté ». L’idée nous trottait dans la tête depuis quelque temps : et si on allait se faire raser le crâne chez Éric Zemmour ? Non, pas lui, l’autre ! Le coiffeur. Celui-ci a plusieurs salons dans le Sud. Et qui, à en croire L’Express, vit « l’enfer » parce qu’il porte le même nom que le polémiste d’extrême droite. Alors que, affirme-t-il, il n’est « pas forcément d’accord avec tout ce qu’il dit et écrit ».
Comme c’est une franchise, il a plusieurs succursales. Nous avons donc l’embarras du choix. La maison-mère est à Nice (étonnant, non ?). Il y a un salon à Menton, deux à Monaco, un autre dans le Var… Et un à Aix-en-Provence ! Ah ! se faire raser le crâne chez Zemmour, dans la ville de « Marine » Joissains où l’UNI (Union nationale interuniversitaire, le syndicat étudiant de droite extrême), l’Action française et le Bastion social ont pignon sur rue et où les amis d’Éric déploient des banderoles à la gloire de celui qui signe d’un « Z » comme…
Après vérification, le salon aixois a changé de main, celui dans le Var (comme à Menton) est liquidé. Alors Nice ? En charge des finances du Ravi, Cécile s’étrangle : Les blagues les plus courtes sont les moins loin. Direction Avignon. Y niche juste à côté de la chambre des métiers, un « salon-spa » vegan (?!) qui appartient bien à Éric Zemmour, mais qui le masque derrière un autre nom. Comme pour nous mettre dans l’ambiance, non loin, la devanture d’une librairie fait la part belle à Zemmour, Onfray et autre napoléonerie.
Il est midi. On franchit les portes du salon, retire notre veste et enfile une blouse. Sacha, grand échalas de poulpe tatoué au bras, nous regarde, un peu interloqué. Malgré tous nos efforts, nos tifs ne dépassent pas le millimètre : « Ça va aller vite, je voudrais que vous me rasiez le crâne ! » Il fouille dans sa trousse. Et demande : « D’ordinaire, on vous fait ça au rasoir ? » On opine du chef. Grimace : « Nous, on n’est pas barbier. Je n’ai pas de rasoir. Juste une tondeuse. Je vous rase au plus court ? »
C’est parti. Mais notre merlan est un taiseux. Même pas une banalité météorologique, et la musique en mode zen interdit tout sifflotement. On l’interroge donc sur la santé du commerce avignonnais. Et si le salon n’aurait pas changé de nom récemment : « Oui, avant, c’était Éric Zemmour… » Cela ne leur a-t-il pas causé de grief ? « Y avait parfois des remarques pas très agréables. Surtout des gens qui nous appelaient juste pour ça. On finissait par les envoyer balader en leur disant de vérifier eux-mêmes sur internet. »
Notre coiffeur retourne dans son mutisme, tout entier consacré à sa tâche. Un esthète. Après avoir dégagé le champ de bataille au sèche-cheveux, il met, le petit doigt levé comme pour boire le thé, deux derniers coups de tondeuse. Notre crâne est impeccable. Il nous propose un shampoing. On se retient de pouffer. Et on prend congé après avoir réglé la coupe. En main, le précieux ticket indiquant noir sur blanc que, chez Zemmour, pour se faire raser à blanc, c’est moins d’un quart d’heure et juste 16 euros. Notre collègue qui veille sur la trésorerie se veut rassurante : « On dira que c’est pour des frais de représentation ! » Une nécessité à six mois de la présidentielle…