Onfray va-t-il faire le buzz à la Buzine ?
En 2016, la venue d’Éric Zemmour, le polémiste d’extrême droite, au château de la Buzine avait fait grand bruit. La « Maison des cinématographies de la Méditerranée » est en effet un organisme paramunicipal et celui qui n’était pas encore candidat à la présidentielle sentait déjà le soufre. Est-ce que la venue le 20 octobre de Michel Onfray fera autant le buzz ?
L’essayiste et patron de la revue souverainiste « Front populaire », qui fait le lien entre droite extrême et gauche nationaliste, vient pour une soirée organisée par SOS Chrétiens d’Orient, une association particulièrement prisée par la sénatrice bien à droite (LR) Valérie Boyer, à l’occasion de la projection du film « Si le vent tombe », revenant sur le conflit meurtrier qu’a connu la province arménienne du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan.
Une « projection privée » (25 € la place pour une personne, 40 € pour deux) avec la « participation exceptionnelle » non seulement de la réalisatrice du film mais aussi de Michel Onfray, flanqué d’un autre membre de sa revue et de l’ancien parachutiste Guy Teissier, député (LR) des Bouches-du-Rhône et vice-président du groupe d’Amitié France-Arménie au Palais-Bourbon.
La Provence fait la pub
En pleine précampagne présidentielle, une telle soirée ne peut qu’interroger. Surtout dans un établissement certes géré par une association mais appartenant à la ville de Marseille, une municipalité désormais à gauche (1). Et qui, sur son site web, désigne la Buzine comme un « équipement à vocation régionale qui s’inscrit dans le cadre d’un développement citoyen, culturel et artistique ».
On peut aussi se poser quelques questions en voyant les relais de cette soirée. Si elle est annoncée sur le site du Méridional, elle fait aussi des événements sponsorisés par La Provence sur Facebook ! Au sein du journal de feu Tapie, on temporise : « Ce n’est pas un choix de le rédaction. C’est de la pub. Et donc, si vous voyez ce post sponsorisé, c’est parce que le client, SOS Chrétiens d’Orient, a payé pour que La Provence mette en avant cet évènement sur les réseaux sociaux », nous dit-on du côté de la régie du journal.
Valérie Fedele, la directrice du château de la Buzine (et ex-élue UMP à la mairie du 13/14), ne voit pas ce qu’il y a à redire : « Ce n’est pas nous qui organisons. C’est une privatisation de notre espace et on a là affaire à une soirée caritative organisée par SOS Chrétiens d’Orient avec la diffusion d’un film qui a été sélectionné à Cannes. Je ne vois pas en quoi il y a matière à polémique. »
D’ailleurs, revenant sur l’invitation de Zemmour en 2016, elle précise : « On l’avait invité car il avait sorti un livre et faisait l’actualité. À la même époque, on avait aussi accueilli Raphaël Glucksmann. Le grand écart en quelque sorte. Il y a toujours des personnes qui sont ravies et d’autres mécontentes. Mais les deux soirées avaient fait salle comble ! » Et c’est ce qui compte, non ?
1. À l’heure de publier, nous étions toujours dans l’attente de la réponse de la ville de Marseille.