Zemmour, le "grand remplaçant" des orphelins du Lepénisme
À l’extrême droite, Eric Zemmour vient rallonger une liste déjà bien fournie : Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Floriant Philippot… En Paca, le polémiste cherche à rééditer l’exploit de Le Pen père avec le FN en fédérant une famille par essence déchirée. Les premiers à le soutenir, dans le Vaucluse, c’est le clan Bompard. Et qu’importe si Jacques, l’ex-maire d’Orange et fondateur de la Ligue du Sud, définitivement condamné à cinq ans d’inéligibilité, doit céder son siège à son fils Yann. Ce dernier était déjà responsable de l’association « Je signe pour Zemmour ». Et, à peine installé, lui assure déjà son soutien et son parrainage.
Mais, dans le « 84 », le responsable de Reconquête, le nouveau parti de Zemmour, ce n’est pas un Bompard mais un avocat, Jean-François Ceccaldi. S’il semble avoir voulu mener en 2014 une liste « régionaliste » aux municipales à Avignon, il préfère souligner le fait de « ne pas être trop marqué » : « Je viens de la société civile. Après, comme le parti est tout neuf, on n’a, par essence, que des “déserteurs”. Des anciens du RN, de LR… Et aussi pas mal de jeunes. Mais comme tout parti, on est dans une démarche unitaire. » Et d’assurer déjà disposer d’une « organisation bien structurée. Car, jusque-là, on n’avait que des initiatives disparates ».
Le fiasco marseillais
Difficile en effet de se retrouver car règne encore une certaine cacophonie. En atteste le positionnement de certains « historiques » de la liste « Zou ! », menée lors des régionales par l’ex-élu RN de Tarascon Valérie Laupies, vis-à-vis des « amis de Zemmour », la structure qui a préfiguré le parti Reconquête. Ça balance ! Comme Joël Louvet, l’ex tête de liste de Zou ! dans le Var qui rappelle que Patrick Isnard, l’ex-élu RN de Grasse, désigné référent régional du parti zemmouriste, s’était illustré lors des sénatoriales en affichant sur Facebook le portrait d’Alain Soral. Qu’Isnard assure mordicus ne pas connaître ! Lors des élections régionales des colistiers de Zou ! avaient moyennement goûté les déclarations de Zemmour ce contentant de dire sa « sympathie » pour l’initiative, tout en précisant : « Je ne suis pas à l’origine de cette liste et je ne la soutiens pas. »
Valérie Laupies n’est pas rancunière. Tout comme son mari, Frédéric : « On a fait campagne pour l’encourager à être candidat. Maintenant qu’il l’est, on ne peut que le soutenir. » Mais la tension reste palpable entre le staff essentiellement parisien du « Z » et ceux qui, en Paca, se réclament de lui. Exemple ? Le fiasco de la visite d’Eric Zemmour à Marseille. « Je ne l’aurais pas amené à Marseille, grince-t-on chez les Laupies. D’autant que, dans la région, ce ne sont pas les endroits qui manquent où on l’aurait accueilli à bras ouverts ! » Et de se montrer philosophe à voir le frontiste marseillais Stéphane Ravier jouer sur tous les tableaux en accueillant Zemmour à la Major : « Aux discussions d’appareils, je préfère une dérive populaire et populiste ! »
Multi-condamnés
Face à la dynastie Le Pen, Zemmour serait-il le grand remplaçant pour les tenants du « grand remplacement » ? L’attelage est pour l’heure hétéroclite. Mais agace au RN (lire par ailleurs). Au-delà de figures comme le restaurateur Morgan Trintignant, à l’origine du mouvement des « chemises blanches » et du déploiement d’une banderole pro-Zemmour à Aix, celle qui a mené la visite marseillaise est une ancienne du RN : Jeanne Marti. Et, parmi les soutiens affichés de Zemmour, on compte nombre d’anciens du Front qui honnissent le RN. Comme la marseillaise Elisabeth Philippe : « Zemmour, il réunit des gens qui étaient orphelins. C’est ce qu’on attendait depuis longtemps. Marine s’est trop adoucie ! » Et de pronostiquer : « LR, sans Ciotti, ils sont morts. Ils vont aller soit chez Macron, soit chez Zemmour ! »
Il est toutefois des soutiens encombrants. Dans le sillage de la visite de Zemmour à Marseille, la présence de Jérémie Piano, ancien du groupe « Génération identitaire » (également passé par le FN) a été remarquée. La Provence a rappelé son parcours judiciaire, rythmé par plusieurs condamnations. Cette année, il sera jugé pour avoir envahi, fin 2018, les locaux de SOS Méditerranée…
Le coordinateur régional de Reconquête, Patrick Isnard, botte en touche : « Nous n’accepterons dans nos rangs que des démocrates et des républicains. » Mais pas question de revenir sur la polémique sur Soral : « Je ne réponds même pas, ça a fait “pschitt” en trois secondes. » Et les critiques des anciens de la liste Zou! ? « Des guerres d’égo ! »
« Il n’y a aucune erreur de casting, se réjouit Isnard. Le cahier des charges, il a été validé par le “Z” lui-même. Mailler le territoire et trouver un équilibre : un tiers RN, un tiers LR et un tiers “société civile”. Et ça marche ! On a fait 30 000 adhésions en 48 heures. Du jamais vu ! On va être un des premiers partis de France. Avec des gens qui viennent de partout. Même de LREM ! Ça fait quarante ans que j’attendais un type pareil. Il est unique ! Alors, je vais pas le lâcher ! Sauf s’il vire communiste. Mais ça risque pas ! » Les relais de Zemmour ? Bien profonds…