Rue d'Aubagne : Ghali nassée...
Au milieu de la rue d’Aubagne, ce 5 novembre, jour de commémoration, le trou laissé par les immeubles qui se sont effondrés il y a un an est béant, une dent creuse comme aime à les laisser pourrir Marseille. Sur les immeubles en face, des banderoles : « On ne vous oubliera jamais ! »
8 morts – 9 en comptant Zineb Redouane tuée par un tir de lacrymo de la maréchaussée – des milliers d’évacués… Bien avant 9 heures que sonnent les cloches, le silence s’installe. Martin, du collectif du 5 novembre, se permet de briefer les médias présents pour leur demander de respecter la tranquillité des familles venues se recueillir dans la rue où elles ont perdu l’un des leurs.
Autour d’un autel de fortune où s’agitent quelques bougies, s’invitent quelques flambeaux. Qui viennent faire briller les yeux d’une assistance s’apprêtant à entamer un marathon que jamais une collectivité, jamais un responsable politique n’a jamais entamé : non pas une minute de silence mais autant qu’il y a eu de victimes…
Ici plus qu’ailleurs, les murs ont la parole. En face de la colonne du « grec » qui trône au centre de la place Homère, un tissu tendu : « Ni oubli, ni pardon. » C’est le slogan que la foule scande pour rompre le silence, en l’accompagnant d’applaudissements nourris. D’autres sont lancés des façades : « La ville ? Coupable ! La métropole ? Coupable ! L’État ? Coupable ! » Et le classique : « Gaudin, assassin ! » Une femme s’effondre en larmes : « Y a pas que lui ! Ils le sont tous ! Mais la justice, elle est avec eux… »
L’interview, le matin même dans Libération, de la patronne LR du conseil départemental et de la métropole Martine Vassal, qui, pourtant, avait annoncé, comme son collègue LR Bruno Gilles, avoir « suspendu la campagne », circule. Et son contenu où elle s’interroge sur sa « responsabilité » en ciblant celle de Patrick Mennucci lorsqu’il était maire de secteur, ravive les braises. Certes, l’heure est au recueillement. 8 ballons s’envolent, accompagné du prénom de chacune des victimes. Les enfants du quartier lisent un texte. Chacun, à sa manière, témoigne.
Mais, en filigrane, on sent déjà poindre la colère qui devrait marquer une semaine qui se veut autant de commémoration que de mobilisation, avec, pour point d’orgue, la « grande marche 1 an après les effondrements » ce samedi 9 novembre [Départ à 15h00 au métro Notre-Dame-du-Mont, Cours Julien]. Alors, quand arrive rue d’Aubagne la sénatrice PS Samia Ghali, la foule explose : « Cassez-vous ! Cassez-vous ! » Son collègue, Patrick Mennucci, connaît bien le quartier dont il a été maire et s’éclipse rapidement.
Le maire LR, Jean-Claude Gaudin, a décidé sciemment d’éviter la rue d’Aubagne… De leur côté, le socialiste Benoît Payan, l’écolo Sébastien Barles, eux, ont eu la décence de rester discrets et à l’écart. Derrière son service d’ordre et la forêt de caméras, ce n’est pas le cas de la sénatrice qui se voudrait en marche mais qui, dos au mur, est coincée. Ghali, nassée, repart sous les huées…