Chez Muselier : abstention à la marche !
Parait que ce n’est pas une décision « politique » mais pour des raisons sanitaires, une question de « jauge » : le RN n’a pas voulu accréditer le Ravi pour la soirée électorale du 1er tour des régionales. En 2014, déjà, le Ravi s’était fait refouler par l’entourage de Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen. Ce qu’on appelle le changement dans la continuité.
Mais le mensuel qui ne baisse jamais les bras est toujours dans les bons coups. Nous voilà dans ce no man’s land aseptisé made in Euromed que sont les quais de la Joliette. Les Terrasses du Port sont derrière nous. Et, en face du Silo, fermé à double tour, une clameur s’élève : « Muselier ! Muselier ! » Incroyable ! Un dimanche soir, une manif de droite ! Ils sont jeunes, tous plus proprets les uns que les autres et brandissent leur pancarte « Notre Région d’abord ! »
Alors que les sondages annonçaient avec insistance le candidat frontiste Thierry Mariani largement en tête devant le président sortant, finalement, le « cousin facho » ne devance « que » de quatre points (36,38 % pour Mariani) son ex « bon copain » (31.91 % pour Muselier) tandis que la liste de gauche conduite par l’écologiste Jean-Laurent Felizia récolte près de 17 % des suffrages (16,98 %), sur fond d’abstention massive (66,28 %) [Chiffres actualisés le lundi 21 matin, Ndlr].
Sous sa casquette et derrière son masque, l’istréen Robin Pretot affiche un large sourire : « On nous annonçait tellement l’inverse qu’on ne s’attendait pas à ça. Et je suis incapable de l’analyser. Les électeurs de gauche qui ont voté utile dès le premier tour ? Les électeurs du RN qui se sont démobilisés ? Les nôtres qui se sont mobilisés ? A moins que ce ne soit le Covid et la prime aux sortants… »
« Nous avons déjoué la totalité des sondages dans cette région »
Mais voilà qu’une grosse berline arrive. La meute se précipite. Muselier débarque, entouré des siens. Les photographes hurlent : « Le masque ! » Docile, « Muso » retire le sien de son museau et rejoint l’espace « évènement » pour faire sa déclaration. Toujours soucieux sur la com’, une attachée de presse tire le Ravi par le pan de chemise : « Vous êtes en plein dans le champ ! » C’est pas faux. On se cache derrière un élu.
Et Muselier de triompher : « Nous avons déjoué la totalité des sondages dans cette région, qui nous donnaient distancés de plus de 10 points par le Rassemblement National. Je n’y ai jamais cru. Parce que je sais ce que j’ai vu, je sais ce que nous avons vécu au cœur de la crise que nous venons de traverser. » Et d’évoquer ceux capables de « construire des blocs d’amour et de courage » face aux « blocs de haine et de lâcheté ».
Muselier se lâche : « Nous sommes une terre de culture, de vie, de création, de résistance et même de rébellion ! Nous sommes une région indivisible que rien ne peut fracturer. » Et d’asséner : « Nous allons rester fidèles à notre logique de rassemblement, et j’appelle chacun ce soir à prendre ses responsabilité face à l’extrême-droite. » Un petit mot d’encouragement aux militants : « Allez, encore une semaine à fond ! » Renaud remonte dans sa Citroën et repart en trombe.
Patron de la CPME et élu d’opposition à Marseille, Alain Gargani s’enthousiasme : « Avec une soirée comme ça, on vient de prendre 10 points ! » Avant de revenir les pieds sur terre : « Va falloir mobiliser tous ceux qui ne sont pas venus voter. » Quid de la gauche ? « Jean-Laurent Felizia, c’est un garçon intelligent. Et il est face à un choix : faire le lit du RN s’il se maintient ou prendre ses responsabilités au nom du front républicain. » En tout cas, à droite, on ne croit guère à une fusion : « Vous avez vu le bazar quand on a accepté de céder quelques places à LREM. Vous imaginez avec la gauche ?! »
Le vert au centre
Une collègue regarde sur son smartphone : Olivier Faure, le patron du PS, appelle les listes de gauche à se retirer en cas de risque de victoire pour le RN. Yannick Jadot fera de même. Et d’aucuns de se demander si, avec ses 5 %, l’écolo »centriste » Jean-Luc Governatori, qui trouvait la liste de Félizia « trop à gauche » et multiplie les appels du pied à Muselier, ne pourrait pas faire la différence. Secrétaire adjoint des Républicains et benjamin de l’assemblée régionale sortante, Ludovic Perney veut croire à la possibilité de « transformer l’essai ». Un peu plus loin, le général LR David Galtier, qui fanfaronne devant les caméras en disant « nous, dans le 13/14, le RN, on connaît », a un message simple pour les « électeurs de gauche : venez avec nous ! »
Soudain, dans un coin, un hurlement. Un type visiblement un peu éméché, se fait raccompagner par la sécurité, même s’il semble avoir quelque difficulté à l’idée de se retirer. Un collègue de BFM nous explique : « Dès qu’il a vu le logo BFM, il a vrillé… » Dont acte. Le type hurle : « Eh ! Muselier ! T’as C News ! T’as BFM ! » Galtier, goguenard, lance à Sabrina Roubache, candidate « société civile » : « Tu peux me dire pourquoi t’as ramené ton pote ? » De l’humour de droite.
A gauche, on n’en manque pas non plus. Depuis l’ancien QG de l’éphé-maire Michèle Rubirola, Jean-Laurent Felizia explique : « Renaud Muselier prend ses responsabilités, je prends les miennes. » Et d’annoncer le maintien de sa liste. A la Joliette, le Ravi, lui, ne se fait pas fait prier pour plier les gaules et se retirer. La semaine va être longue…
ACTUALISATION [LUNDI 21 JUIN, 15h30] : Félizia vient d’annoncer qu’il retire sa liste.