En Paca, Marianne nie

Au « tribunal des flagrants délires », face à Le Pen, Luis Rego avait décrit par le menu la « journée d’un fasciste ». En Paca, avec les régionales et départementales, il ne saurait où donner de la tête. Le 25 avril, « banquet nationaliste » dans le Var et, devant le Mucem, meeting de Florian Philippot avec ses « Patriotes ». La veille, les « chemises blanches » déploient à Aix-en-Provence une bannière « Je signe pour Zemmour ». De quoi rappeler à Gaëlle Lenfant, adjointe d’opposition (Gauche républicaine socialiste), le « baiser forcé » que lui aurait arraché le polémiste. Ou qu’il faut encore compter avec les Bompard. Car derrière le site web, il y a Yann, le fils de Jacques, le maire Ligue du Sud d’Orange, actif soutien du chroniqueur de CNews.
A Tarascon, l’ex-frontiste Valérie Laupies mène la liste « Zou », celle des « Amis d’Éric Zemmour » qui « débarrasse du système » : « Pour redonner de l’espoir aux citoyens, il faut quelqu’un “vu à la télé”. Avec Zemmour, y a une étincelle chez les gens », explique celle pour qui le patron LR de la Région Renaud Muselier et Thierry Mariani, le héraut du RN et ancien de l’UMP, c’est « bonnet blanc et blanc bonnet ». Aux côtés de Laupies, il y a, entre autres, Jacques Clostermann qui avait fait trébucher le RN à Vitrolles (Cf le Ravi n°163).
Le Front a toutefois le vent en poupe. Le climat semble favorable. Au Yacht Club de Marseille, ça rêve de « ratonnade ». Et à Nice, pour Eric Ciotti, la différence entre LR et RN, c’est la « capacité à gouverner » (avant de se rattraper en parlant « valeurs » et « histoire »). Mais, en ce 1er mai pluvieux, il y a de quoi doucher les plus enthousiastes : « Y a la pluie et en plus le Ravi», grogne le sénateur frontiste Stéphane Ravier tandis que ça goutte jusque sur la table derrière laquelle se succèdent les candidats marseillais aux départementales. Morne défilé où Bernard Marandat se présente comme « le petit nouveau », lui pour qui « le fascisme, c’est la fête ». Alors Ravier esquive les questions sur Zemmour ou les « ratonnades » et se réjouit de voir Muselier « faire le pire début de campagne de l’histoire ».
Dont acte. Le lendemain, LREM soutient Muselier comme la corde le pendu. Ravier n’en peut plus : « Combien on va lui devoir pour faire notre campagne ? » Ambiance western : « Dans le monde, y a ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent. Muselier, il creuse ! » L’ex-LR et désormais candidat RN pour les régionales, Thierry Mariani, se veut plus mesuré. Il n’en charge pas moins – sur la com’, la sécurité… – celui qu’il considère non comme « un ami mais un bon copain » avec lequel il n’a plus échangé « depuis septembre ». Et si, sur la culture ou l’immigration, il se veut plus rond, le décorum de ce début de campagne répond à tous les canons du Front. On est dans les quartiers nord au cœur du noyau villageois de Château Gombert, place des « héros ». Face à l’église, derrière la croix et la fontaine, le « musée du terroir marseillais ».
Peu après, le frontiste niçois Philippe Vardon s’invitera devant l’hôtel de Région pour remettre au président sortant sa carte de « membre d’honneur d’En Marche ». Mais, contrairement à Christian Estrosi ou Hubert Falco, Muselier reste chez les Républicains. A ses côtés à la « fédé », Jean-Marie Vérani, venu lui du FN. « D’ordinaire, les gens vont dans le sens inverse. Là, c’est le dentifrice qui rentre dans le tube », rit Franck Allisio. Passé lui de la droite au RN. Comme Mariani.