Petite chimie
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Comment décrypter un paysage politique si confus à deux mois de l’élection présidentielle ? Il faut peut-être prendre un peu de distance en se plongeant dans le Traité élémentaire de chimie de Lavoisier. Il a justement théorisé, au XVIIIe siècle, la conservation des masses lors du changement de la matière.
Rien ne se perd. Et surtout pas l’excellente habitude de se faire la guerre entre amis. Après les mésaventures de la droite Républicaine, qui se sont soldées par son explosion en Paca, l’extrême droite prend le relais. La violence du psychodrame au cours duquel les Gilbert Collard et autres Marion Maréchal (la revoilà), trahissent Marine Le Pen pour rallier Eric Zemmour, est aussi cruelle que spectaculaire !
Rien ne se crée. A gauche, la primaire populaire, belle idée au départ pour faire converger les idées, illustre à l’arrivée le piège de la personnification de la vie politique. Les partis historiques – le PS, le PCF – sont à bout de souffle. D’autres formes peinent à émerger laissant la place au fantasme de l’homme – ou de la femme – providentiel(le).
Tout se transforme. Le big bang politique favorise par défaut le président sortant. Il ouvre aussi beaucoup de possibles. Respect aux militants qui, coûte que coûte, faute d’être toujours côte à côte, font campagne malgré tout pour répondre aux urgences sociales et écologiques. Mais pour qu’ils soient entendus, la société devra elle aussi se mettre en mouvement. Foi de petit chimiste, ce jour viendra.