« La révolution est le seul projet réaliste ! »

13:01
Sur la Plaine et sous des bâches, la sociologue Rachida Brahim (auteure de La race tue deux fois) conclut le mois contre les violences policières à Marseille par un « topo socio-historique des crimes racistes ». Anasse Kazib, candidat à la présidentielle de Révolution permanente (une scission du NPA) devait y participer. Appel de son relais marseillais : « Ce matin, à la cité des Lauriers, on a pris du retard. Anasse viendra directement à la manifestation en hommage à Zineb Redouane », vieille dame tuée il y a trois ans d’un tir de lacrymo.
15:30
Sur le Vieux Port, ça fait la queue pour le marché de Noël. Sous l’ombrière, quelques gilets jaunes et antivax. Mais toujours pas trace du « candidat révolutionnaire ». Le chroniqueur aux Grandes Gueules, sur RMC, n’aurait-il que de la bouche ?
15:31
Un cortège débouche de la Canebière scandant : « Nous sommes tous des enfants de Zineb ! » Avec sa doudoune Lacoste et son staff, Anasse surgit. Le voilà interrogé sur Facebook : « Pourquoi je suis à Marseille ? Pour trouver le beau temps mais c’est loupé. J’ai aussi cherché Zemmour et je l’ai pas trouvé », rigole-t-il. Avant de roder avec le Ravi des éléments de langage qu’il resservira au meeting.
15:59
La police donne le départ de la manif. Anasse a sa banderole : « Zineb, ni oubli ni pardon ». Voyant ses drapeaux et refusant le tract pour le meeting, un antifa ironise : « Y a des gens qu’on ne voit pas d’habitude ! » En guest, Kamel Guémari, de l’Après M, Kevin Vacher, du Collectif du 5 novembre.
16:30
Cafouillage au pied de l’immeuble de Zineb. D’ordinaire, le silence est de rigueur. Là, Anasse & co fait pas mal de bruit. Trop pour un organisateur qui peste contre ce « politicien qui prend la tête du cortège. » Ça se tasse. Et, devant le commissariat, notre candidat chantonne : « Tout le monde déteste la police »… Tensions en montant à la Plaine entre deux gilets jaunes, vite séparés : « Vous ne respectez pas Zineb ! »
17:20
De retour à Noailles, face-à-face tendu entre les manifestants et la police qui finit par gazer. le Ravi traverse dans la lacrymo avec le dernier carré. Le cortège passe par la porte d’Aix. Le meeting approche, on décroche.
18:30
A Coco Velten, ça s’active pour tout installer avant le meeting. Pas simple. Une banderole tombe, y a « plus de jus » sur la scène et Arthur ne sait où brancher son smartphone. Ça se console à la vue de chaussettes rouges frappées de la faucille et du marteau : « Ça c’est un camarade ! »
19:15
Surgit Kevin Vacher. Signataire de la tribune pour la candidature d’Anasse, on lui demande s’il intervient : « Non mais j’ai des copains ici », dit cet ancien du NPA. Qui tique face à la banderole sur les « 3 millions de morts » du Covid : « Le souci, c’est qu’il va falloir l’actualiser. »
19:40
L’animateur, c’est Théo. Et, première de cordée, Alberta, pull-over violet et militante du « Pain et des roses ». Pour qui « c’est dur d’être jeune en 2021 ». Diction mitraillette, un peu brouillon, tout y passe : l’écologie, le sexisme, la précarité… Et de s’interroger : « Pourquoi voter pour le moins pire ? On n’a pas besoin d’un homme providentiel. » Quoique, Anasse… « Un candidat comme nous, un cheminot qui est de toutes les luttes. » Elle conclut : « On n’a connu que des crises. On nous dit de pas rêver. On se laissera pas confisquer notre avenir ni nos rêves. » Les trois drapeaux dans la salle s’agitent.
19:53
Kamel Guémari, lui, salue les « lutteurs et les lutteuses » : « A travers ma lutte, peut-être que j’étais un peu fou. Mais j’ai trouvé des personnes aussi folles que moi. » Dont Anasse. L’ex-pilier du Mc Do s’y connait en formules : « On n’a peut-être pas le même maillot mais on transpire pareil pour nos enfants. On est des trous du cul. Mais, dans le corps, c’est un organe vital. A Mc Do, on l’a bien fait comprendre. »
20:01
Place à Almamy Kanouté du comité Adama : « Je soutiens un candidat qui me ressemble. Pourtant, ado, je boycottais la politique. J’aimais pas les cols blancs. Mais Anasse n’en est pas un. » Et de revenir sur son parcours : « J’ai créé un mouvement citoyen parce que j’ai compris qu’on ne voulait pas de nous, les habitants des quartiers qui refusent de chanter la Marseillaise, de jouer les assimilés. » Alors il martèle : « On a un candidat. Faut pas louper le coche. Notre responsabilité ? Nous imposer. » Et salue ce qui se passe en Martinique, en Guadeloupe : « Ils montrent ce qu’il faudrait faire ! »
20:15
Pour Zineb et pour redescendre, minute de silence.
20:20
Au tour de Sasha Sarapolskaya, militante transféministe fondatrice du média XY : « Je viens de Russie, ça fait quatre ans que je suis en France et j’ai l’impression que j’ai choisi le mauvais moment pour m’exiler ! Les choses vont mal en France. Et quand c’est un Russe qui vous le dit, c’est que ça craint », dit-elle. Assénant : « Je n’ai pas le droit de vote. Je pourrais vous dire, démerdez-vous ! Mais je suis là pour soutenir Anasse ! »
20:35
Théo, lui, bat le rappel des troupes. Pour les parrainages. Mais aussi les dons car « l’argent, c’est le nerf de la guerre ! » Un ange passe…
20:38
Le candidat prend – enfin – le micro, « fier d’être dans la ville qui a chassé Zemmour ! Pour lui comme pour Macron, Marseille, c’est un labo. Moi aussi, je veux en faire un laboratoire. De l’antifascisme, de l’anticapitalisme ! » Et de proposer à la salle de répondre au doigt d’honneur du chroniqueur. Une forêt de majeurs se lève. Anasse s’esclaffe : « On sera dans Valeurs actuelles… ou Marianne ! »
20:46
Après la droite, Anasse taille un costard à la « gauche institutionnelle », y compris Mélenchon ! Et pas un mot sur Poutou ! Pour lui, « pas question de rester au bord de la route. Car nous sommes tout, ils ne sont rien ! » Mais « le chemin est encore long et semé d’embûches ». En ligne de mire ? Les « menaces de l’extrême droite ». Mais aussi et surtout les 500 parrainages : « Il faut atteindre les 200 à la fin de l’année. En moyenne, pour en décrocher un, il faut voir 25 maires. Il va donc falloir en rencontrer 10 000. Et il nous reste trois mois ! »
20:50
Après un crochet par le « mal-logement » avec un « hommage aux morts de la rue d’Aubagne », place à une avalanche de promesses : « retour à la retraite à 60 ans », « interdiction du licenciement pour les CDD », « réduction du temps de travail », « Smic à 1 800 euros »… « Comment on finance ? La fraude fiscale, c’est 120 milliards, celle à la TVA 18 et le CICE, 40. » En prime ? « Abrogation du passe sanitaire », annonce celui qui a « vu mourir du Covid [son] beau-père et [sa] petite cousine ».
21:05
Pour le cheminot, « la révolution est le seul projet réaliste ». Alors, il en appelle au « retour des gilets jaunes » et à une « vraie grève générale ». Ça fait une demi-heure qu’il parle. Alors, il « dédie le meeting à notre maman qui est morte il y a trois ans, Zineb, et à nos frères morts des violences policières, notamment Souheil ». Ultime « dédicace à notre papa, Georges Ibrahim Abdallah » dont il exige la « libération ». Et de conclure : « Comme disaient les anciens en 68, ce n’est qu’un début, continuons le combat ! »
21:15
Ça va être le coup de feu pour les petites mains de l’Après M qui ont préparé un couscous. Mais avant, photo souvenir de la salle, poing levé, en hommage à Zineb. Et Anasse l’avait promis : « On va s’ambiancer avec notre sœur, la rappeuse marseillaise Namek. » le Ravi lève le camp, en sifflotant l’Internationale…
De haut en bas, croqués par Trax : Anasse Kazib, candidat Révolution permanente à la présidentielle ; Kamel Guémari, de l’Après M. ; Sasha Sarapolskaya, militante transféministe.