Coup de boule, pot de colle et rigolade…

Il y a des années, des activistes avaient réinvesti, non loin de la Plaine, un terrain de pétanque avec, pour attirer le chaland, ce slogan : « Tant qu’il y aura des couilles en or, il y aura des boules en acier. » Plus récemment et à l’autre bout de l’échiquier, l’« Union nationale de la jeunesse » – des anciens, notamment, du Bastion social… – ont invité leurs sympathisants marseillais à un « grand tournoi de pétanque ». Le mélange entre « lutte » et « fête » n’est donc pas l’apanage que de la gauche. N’est-ce pas un ancien du Front, Bernard Marandat qui avait défrayé la chronique en disant que « le fascisme, c’est la fête » ?
Certes, à la droite de la droite, ce n’est pas toujours la joie et l’allégresse. Le RN explose, en atteste le ralliement du sénateur marseillais Stéphane Ravier à Zemmour (cf notre contrôle technique). Explosion politique mais aussi physique à voir la photo ensanglantée d’Enzo Alias, le responsable local de Génération Nation qui accuse l’assistant de Ravier, Antoine Baudino, de lui avoir mis un « violent coup de tête ».
« Rigolade planétaire » anti-woke
Ce que l’ancien identitaire – qui répond presque toujours sur le ton de la blague au Ravi – nie. Toutefois, sa consœur, Emmy Font, rétorque à Alias sur Twitter : « Tu as cherché, tu as trouvé, sois un homme au moins un peu. » Alias avait déjà défrayé la chronique lors des départementales en disant s’être fait agresser à Arles. Avant de se faire accompagner par des militants… allemands (1).
Sa convalescence est de courte durée. Deux jours plus tard, il participe à une conférence sur les « femmes patriotes » des « jeunes avec Marine » en filant la main derrière le comptoir du local frontiste marseillais. Des tracts, des drapeaux. Mais aussi des boissons, des bonbons, des cacahuètes…
Même chez les royalistes, il y a une dimension « plaisir ». Au-delà de la « messe de requiem » pour Louis XVI organisée fin janvier à Marseille, les voilà à proposer sur la toile d’opposer au « wokisme » une « rigolade planétaire ! » On se croirait sur le site d’Egalité & Réconciliation d’Alain Soral qui n’est pas le dernier pour la déconne.
Mais la grosse « darka » (comme dirait Hanouna) c’est chez Zemmour. Ce que confirme Jean-Philippe Courtaro, responsable de Génération Z dans le « 13 ». Qui, a priori, n’est pas un petit rigolo : patron d’une « écurie » de droit – en clair, une prépa – sa thèse s’intitule « Les attentes légitimes des contribuables ». Il n’en affiche pas moins un large sourire à voir affluer des jeunes militants venant non seulement de LR ou du RN (par où il est passé) mais aussi, selon lui, de « la France insoumise » ! Des « jeunes super enthousiastes, dit-il, pour faire de l’affichage, du porte-à-porte, distribuer des tracts ». « Pour ce qui est de la convivialité, ajoute-t-il, on la chance d’avoir un local » (du côté de l’opéra, NDLR) : « On s’y retrouve chaque jeudi soir et après, on va boire des coups sur le Vieux-Port. »
Mais, le mois dernier, pour les soutiens du polémiste, le gros morceau, c’était l’organisation d’un meeting au parc Chanot : « Avec Stéphane Ravier et Gilbert Collard. Et peut-être Zemmour par téléphone », nous explique le responsable qui garde malgré tout un « bon souvenir » de sa visite pourtant mouvementée à Marseille. Serait-ce dans l’adversité qu’on s’amuse le plus à l’extrême droite ? Peut-être. Ravi de voir Ravier rejoindre Zemmour, à l’évocation des défections au RN, notre juriste ne peut s’empêcher d’afficher un large sourire : « C’est sûr que chez eux, c’est pas la joie ! » Les gens sont méchants.
1. Cf notre article en juin dernier sur leravi.org. Contacté, Enzo Alias n’a pas souhaité échanger avec le Ravi.