« La démocratie, c’est le bordel »
Le 2 rue Friedland prend des airs athéniens. Pour sa réunion publique « spéciale démocratie », le Printemps Marseillais, rassemblement des partis de gauche, d’écologistes et de citoyens, fait salle comble. Ce 19 février, 70 sympathisants se serrent au QG de campagne. Olivia Fortin (Mad Mars), qui mène la liste dans le 6/8, introduit les invités et la thématique. L’exercice reste au départ classique : deux conseillers politiques de la tête de liste Michèle Rubirola, le socialiste Frédéric Rosmini et le prof de philosophie Denis de Casabianca, le sociologue Cesare Mattina ainsi que Louisa Dos Santos, prof de philosophie.
« L’objectif n’est pas de proposer une démocratie clef en main, mais plutôt un vrai processus de démocratisation tout au long du mandat. Notre but c’est que les citoyens ne soient pas de simples demandeurs, mais que leur voix soit prise en compte » explique Denis de Casabianca. Face à lui, l’assemblée est disciplinée jusqu’à ce qu’on entre dans le vif du sujet : la démocratie directe et participative que promet le rassemblement.
« La mise en œuvre est fumeuse »
Parce que oui, « la démocratie, c’est le bordel » comme le fait remarquer Louisa Dos Santos ! Le Printemps propose des conseils citoyens, un observatoire de contrôle et d’évaluation de l’action municipale, et un conseil scientifique. Reste encore à savoir qui, siégera dans ces instances. Par tirage au sort comme l’envisage le mouvement ? Dans l’assemblée, affolement : « L’idée est bonne, mais la mise en œuvre est fumeuse. » Créés sous Hollande, les conseils citoyens piochaient, à Marseille, leurs participants dans les listes électorales. Un choix bancal, qui exclut les étrangers et les non-inscrits…
Comment redonner confiance en une démarche participative après l’échec des expériences précédentes ? « Il faut présenter les choses correctement, expliquer la mécanique démocratique, pour ancrer la culture participative », explique William Leday, membre du comité de soutien du Printemps Marseillais.
« Si je n’étais pas venu ce soir, je n’aurais pas su que nos idées avaient été retenues », s’étonne Rémy, investi dans les groupes de travail sur la question démocratique, aussi surpris qu’inquiet de ne pas avoir eu de retour sur leurs propositions. In fine, la question qui fâche c’est la place accordée aux citoyens par l’autoproclamé « rassemblement sans précédent ». Au même moment, une réunion de crise se tient dans une arrière-salle sur la composition de la liste du « 4/5 ». Frédéric Rosmini, sollicité sur les deux fronts, alterne entre réunion officielle et officieuse. Le débat qui avait commencé en rangs d’oignons, se termine dans le désordre. On s’apostrophe, on gueule un peu. Pas de doute, on est bien à Marseille.